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Les Pratiques | INTERNET | publié le : 07.03.2006 | Marion Leo, à Berlin

En Allemagne, VW recourt largement au temps partiel en fin de carrière pour mettre ses seniors en préretraite. Une pratique très utilisée, mais de plus en plus critiquée outre-Rhin.

Alors que le gouvernement allemand veut repousser l'âge légal de départ à la retraite de 65 à 67 ans, les salariés de Volkswagen pourront, eux, cesser leur activité dès 58 ans et demi. Le 2 février 2006, le constructeur automobile allemand et le syndicat de branche IG-Metall ont étendu l'accord sur la préretraite progressive (Tarifvertrag Altersteilzeit) déjà en vigueur dans l'entreprise.

Désormais, les salariés volontaires, nés de 1952 à 1954 (l'accord précédent se limitait à ceux nés avant 1951), pourront, après 55 ans, intégrer ce schéma de temps partiel de fin de carrière sur sept ans, en concentrant trois ans et demi de travail à temps plein, pour cesser leur activité à 58 ans et demi, avant de rejoindre la préretraite, à 62 ans. Pendant ces sept ans, ils toucheront 85 % en moyenne de leur dernier salaire net ; 7 000 salariés pourraient profiter de ce nouveau dispositif. Ils viendraient s'ajouter aux 6 300 bénéficiant déjà d'une retraite anticipée.

Restructuration

Objectif du groupe : réduire ses effectifs. Le 10 février dernier, il a annoncé un plan de restructuration qui pourrait « affecter 20 000 emplois dans les trois ans à venir », soit un emploi sur cinq dans les six usines «ouest-allemandes» de VW. Problème : les quelque 100 000 salariés de ces usines bénéficient, par accord social, d'une garantie de l'emploi jusqu'en 2011. VW mise à fond sur les préretraites.

De plus en plus d'entreprises ont recours, outre-Rhin, au temps partiel en fin de carrière, d'autant que cet instrument est favorisé par une loi fédérale (Altersteilzeitsgesetz), jusqu'en 2009. Depuis 1996, l'Agence fédérale du travail (BA) paie 20 % du salaire d'un «senior» employé en temps partiel si l'entreprise embauche un chômeur ou un apprenti à sa place. Un dispositif qui rappelle l'ancien «préretraite contre embauche» français (Arpe).

Travail des seniors

Mais les temps changent. Le gouvernement voit d'un oeil critique ces modèles de préretraite. « Nous avons besoin d'un nouveau climat qui favorise le travail des seniors », lance un porte-parole du ministère du Travail, confronté aux coûts croissants de la loi sur le temps partiel en fin de carrière. En 2005, l'agence fédérale du travail a versé plus d'un milliard d'euros aux seniors en temps partiel.

Les instituts de recherche économique mettent en garde contre les effets du changement démographique. « Les DRH pensent encore qu'ils peuvent régler leurs problèmes grâce aux préretraites », critique Michael Hüther, directeur de l'institut IW de Cologne. « Aucune personne de 67 ans ne peut tenir le coup sur une chaîne de montage », réplique le patron d'IG-Metall en Basse-Saxe, invitant le ministre du Travail à se rendre compte de la situation, à 3 heures du matin, dans une usine.

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin