Le temps où les cadres étaient les enfants chéris de l'entreprise, engrangeant tout à la fois des salaires confortables et la reconnaissance de l'employeur pour faire travailler les autres est bien fini. Aujourd'hui, les hiérarchies intermédiaires ont fondu, de même que les services des assistantes, et l'entreprise ne cesse de revoir à la hausse ses exigences.

Dans cette course à la performance, la population cadre s'est peu à peu retrouvée en première ligne : responsable à la fois d'elle-même et de son destin, des autres, des résultats, des objectifs, de la stratégie, pour, assez souvent, se retrouver purement et simplement remerciée dès qu'elle coûte trop cher ou simplement que le vent d'une conjoncture morose érode les bénéfices.

Aujourd'hui, plus de 70 % des cadres se plaignent du stress, et ils se bousculent pour profiter des plans de préretraites dès qu'ils se présentent. Bernard Salengro, responsable santé au travail à la CFE-CGC, a voulu mieux comprendre ce que recouvrent les chiffres de l'enquête menée par la Sofres et par l'Observatoire du stress, et quels sont les maux précis qui se cachent sous le voile pudique du terme «stress». Du détail des pathologies aux résultats des enquêtes sur le sujet, en passant par l'examen de la question du temps de travail réel, il en ressort un tableau accablant. Il semble y avoir urgence à regarder la réalité en face pour éviter le pire.

Mieux comprendre pour mieux prévenir, tel est l'objectif de l'auteur, pour qui la France accuse un retard important concernant l'étude des phénomènes de stress, comparé aux pays anglo-saxons.

Bernard Salengro est médecin du travail et responsable santé au travail à la CFE-CGC. Il est le créateur de l'Observatoire du stress.