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Les Pratiques

Le cockpit de Swiss reste cloisonné

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 14.02.2006 | Christian Robischon

Cinq ans après sa création, la compagnie aérienne suisse n'a pas rapproché les conventions collectives de ses pilotes de court et de long-courrier. Et elle ne compte pas le faire.

Une fois de plus, les négociations sont séparées. Pour boucler les nouvelles conventions collectives de ses pilotes d'ici à la fin du semestre, la direction de Swiss traite, d'un côté, avec le syndicat Swiss Pilots, dédié aux vols régionaux, et, de l'autre, avec Aeropers, représentant du long-courrier. Les deux organisations sont issues respectivement de Crossair et de Swissair ; or, cinq ans après la fusion qui a donné naissance à Swiss, le statut social n'est toujours pas unifié.

Des écarts importants entre catégories

Ce cas n'est pas rare dans le monde aérien, mais dans la compagnie helvétique, filiale de Lufthansa, l'écart prend des allures de fossé. Chaque catégorie possède son régime de mutuelle, ses règles de cotisations retraite et de départ (60 ans pour les ex-Crossair, 57 pour les ex-Swissair). Traditionnellement mieux payés, les «long-courrier» « continuent à gagner près de 50 % de plus que nous », affirme Christoph Frick, président de Swiss Pilots. Il chiffre à 5 500 euros brut (pas de 13e mois) le salaire mensuel d'un capitaine de ligne régionale affichant dix ans d'ancienneté, un niveau inférieur aux standards européens. Il réclame un alignement partiel avec les ex-Swissair, mais ceux-ci ne veulent pas être lésés. « Nous sommes prêts à discuter pour ne pas aggraver la situation financière, mais pas à faire les mêmes sacrifices qu'il y a quatre ans », annonce Beat Schneider, vice-président d'Aeropers.

Trafic régional pour les ex-Crossair

La compagnie a unifié les statuts des personnels de cabine et au sol. Mais, de convention collective commune aux pilotes ou, du moins, de rapprochement, il n'est pas question. « On ne peut comparer un pilote qui revient tous les soirs chez lui à celui qui doit passer deux jours à Johannesburg », indique la direction. Pour marquer la séparation - et lutter contre les concurrents low cost - le trafic «régional» a été filialisé fin 2005 dans Swiss European, qui va rassembler les ex-pilotes Crossair... et les y cantonner.

« La politique sociale de la direction se borne à écarter tout ce qui engendre des surcoûts », estime Christoph Frick. L'ex-fleuron de l'économie suisse a perdu près de 1,5 milliard d'euros en quatre ans et il a taillé dans les effectifs : il n'emploie plus que 6 500 personnes aujourd'hui (dont 380 pilotes Crossair et 700 Swissair), contre 10 000 il y a cinq ans.

L'esprit de corps demeure si ancré qu'il provoque des controverses sur ces licenciements. Les ex-Crossair en avaient appelé aux prud'hommes en 2003 et estiment avoir été touchés plus que de proportion. « Ils oublient que nous autres, de Swissair, avions perdu un tiers des effectifs juste avant la fusion », rétorque Beat Schneider.

Auteur

  • Christian Robischon