E & C : Le Centre d'études de l'emploi a publié, la semaine dernière, une étude, dont vous êtes l'auteur, évaluant dix années de politiques d'exonérations de charges sur les bas salaires*. Ces politiques ont-elles eu un impact sur l'emploi ?
Y. L. : Pour un investissement de 5 milliards d'euros, le nombre d'emplois non qualifiés, créés ou préservés, est, en moyenne, de 250 000. Actuellement, le budget consacré aux allègements de charges est de 16 milliards d'euros. Les recettes engendrées par ces emplois, correspondant aux économies réalisées dans le financement du chômage, compensent la moitié des dépenses engagées. Le coût net de ces mesures est, ainsi, de 10 000 euros par an pour un emploi créé ou sauvegardé.
E & C : Comment êtes-vous parvenu à ces résultats ?
Y. L. : Le chiffre de 250 000 emplois est une moyenne entre les résultats de 14 études menées depuis dix ans, qui évaluent les créations d'emploi entre 125 000 et 560 000 par tranches de 5 milliards d'euros investis. Les écarts, d'une étude à l'autre, tiennent à la définition de l'emploi non qualifié.
E & C : Vous avancez que les objectifs de ces réformes ne sont pas ceux que l'on croit...
Y. L. : En effet, contrairement à ce qu'on pense, l'objectif des huit principales réformes mises en place depuis 1993 n'a jamais été de mener une lutte offensive contre le chômage, mais plutôt d'amortir l'impact des hausses du Smic ou des salaires, de limiter les dépenses budgétaires et de simplifier les dispositifs précédents.
E & C : Que faudrait-il pour augmenter l'efficacité de ces mesures ?
Y. L. : De la stabilité, afin que les employeurs aient le temps de modifier leur comportement d'embauche.
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