logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Les licenciés de Sanmina attaquent HP

Enquête | publié le : 14.02.2006 | G. L. N.

Trois ans après avoir été vendue à Sanmina par Hewlett Packard, l'usine de l'Isle-d'Abeau (38) était fermée, faute d'avoir pu diversifier ses clients. C'est le cédant que 310 ex-salariés attaquent devant les prud'hommes.

«HP s'était engagé à trouver un partenaire pour reprendre l'Isle- d'Abeau, sur la base de critères sociaux, de développement du site et de maintien de l'emploi » : pour cet ancien salarié de l'usine iséroise de montage de PC, appartenant à Hewlett Packard jusqu'en juin 2002, la multinationale d'origine américaine Sanmina semblait un repreneur séduisant. Trois ans plus tard, il a changé d'avis. Le site est fermé depuis juillet 2005. Sanmina n'a pas diversifié la production, alors que les commandes de HP s'arrêtaient l'année dernière.

Sentiment d'injustice

Scénario, somme toute banal, d'une reprise qui n'a pas laissé un site survivre au-delà de trois ans. Les commandes passées à l'Isle d'Abeau sont parties vers la Hongrie, au profit d'une usine que Sanmina a construite entre-temps, précipitant la fermeture d'un de ses autres sites, aux Pays-Bas.

L'épilogue juridique de l'affaire, qui s'est ouvert par une tentative de conciliation devant les prud'hommes de Vienne, il y a quelques jours, est, lui, moins habituel : 310 salariés, sur les 470 licenciés à la fermeture du site, attaquent en effet HP, plutôt que Sanmina. « Ce qui anime les gens, c'est l'injustice et la fuite des responsabilités, affirme un cadre, amer. Ils auraient préféré une fermeture par HP, avec un plan identique à celui de 2002. » Le constructeur informatique avait alors ouvert un dispositif de départs volontaires pour 1 400 personnes, avec, en moyenne, 35 à 40 mois de salaires. De quoi séduire des cadres, tandis que la plupart des ouvriers sont restés. « Aujourd'hui, le plan de Sanmina est correct, mais pas à ce niveau », poursuit cet ancien de l'Isle-d'Abeau. Pour les salariés qui estiment avoir été trompés, HP assurait vouloir sélectionner un repreneur qui s'engagerait à diversifier. Ce que Sanmina n'a pas fait.

Notion de loyauté

« Notre position est de considérer que des licenciements ont été sous-traités, annonce Me Grinsnir, avocat parisien qui défend une partie de ces ex-salariés. Le fond portera sur la notion civiliste de loyauté. La diversification était-elle possible ? La direction de Sanmina affirmera qu'elle «a tenu le CE informé de ses efforts», que «ça n'a pas marché». La Cour de cassation essaie de traquer l'habillage en matière de plans sociaux. Nous considérerons, avec les rapports d'experts chez Sanmina, que c'était de l'habillage. Que cette reprise n'était pas viable dès le début. »

Avenir incertain pour les ouvriers

« L'idée d'une connivence entre HP et Sanmina tient du fantasme, rétorque Alain Spitzmuller, directeur général juridique de Hewlett Packard en France. Cette fermeture découle de l'incapacité de Sanmina à diversifier la production comme c'était prévu au départ. Le repreneur avait tous les moyens pour développer le site et diversifier la clientèle. A-t-il fait les efforts nécessaires ? Ce n'est pas à nous d'en juger. La décision de fermeture lui appartient. »

La cellule de reclassement restera active jusqu'en juin prochain. Pour l'heure, une soixantaine de salariés auraient trouvé une solution. Les autres bénéficient encore du congé de reclassement de 9 mois avec 80 % du salaire. Pour les ouvriers, dans un bassin d'emploi marqué aussi par la fermeture du site Fuji, l'avenir est incertain.

hp

> Effectifs : 150 000 salariés.

> Chiffre d'affaires : 80 milliards de dollars en 2004.

sanmina

> Effectifs : 48 000 salariés.

> Chiffre d'affaires : 11,7 milliards de dollars en 2005.

Auteur

  • G. L. N.