Chaque année, 80 000 contrats saisonniers sont signés en Rhône-Alpes, dont 40 000 dans les stations de sports d'hiver. Aussi, de nombreux jeunes, souvent à la recherche d'un premier emploi, affluent en Savoie et en Haute-Savoie. Ils apparaissent particulièrement exposés aux conduites à risques : alcool, tabac, drogues, manque de sommeil, rapports sexuels non protégés, repas déséquilibrés, fatigue, stress. Sans compter la pratique de la glisse extrême et les risques professionnels inhérents à leur fonction.

Les premières Rencontres de la saisonnalité en Rhône-Alpes, organisées en octobre dernier par le conseil régional, ont pointé diverses explications : l'ambiance festive des stations, la coupure avec le milieu d'origine, le manque d'informations en matière de santé ou d'accidents du travail. Mais aussi l'exiguïté ou l'insalubrité de certains logements, des infractions à la législation du travail, l'absence de repos compensateur ou de congé hebdomadaire, l'engorgement des services de médecine du travail et les difficultés d'accès aux soins.

« Des saisonniers sont logés à cinq par chambre, d'autres sont corvéables à merci et ne gagnent pas le Smic horaire », déplore Bernard Loquais, directeur du centre de vacances Anaé à Pralognan-la-Vanoise (73). « Les mauvaises conditions de vie favorisent les conduites à risques », résume Jérôme Navet, de la Mutualité de Savoie et porte-parole du groupe régional «promotion de la santé en stations de tourisme».

Face à cette situation, la région compte « impulser une démarche de dialogue social » et soutenir les actions de prévention. La Mutualité de Savoie et divers acteurs institutionnels et associatifs mènent de nombreuses actions sur le terrain. Des sessions itinérantes d'information et de dépistage du sida et de l'hépatite sont organisées dans les stations. Elles accompagnent une exposition pédagogique, «Questions de saisons», soutenue par la Dass et la Sécurité sociale. Un guide, Touchouss, informe sans tabou les saisonniers sur les questions de santé. L'association de soins et de prévention des toxicomanies, Le Pélican, anime des rencontres sur les risques des substances psychoactives, licites ou illicites.

Ces actions prennent appui sur les Maisons des saisonniers, quand elles existent. Ces structures servent également à rapprocher l'offre et la demande d'emploi alors que des employeurs ne parviennent pas à recruter ou à garder leur personnel. Ce qui pousse la région, diverses stations, groupes d'employeurs et syndicats de salariés à envisager des chartes de la saisonnalité. Et à se mobiliser, notamment pour enrayer une pénurie et une cherté de logements partiellement responsables des difficultés de recrutement... et des conduites à risques. MARTINE ROSSARD