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Le télécentre n'est pas parvenu à faire le plein

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 07.02.2006 | Rodolphe Helderlé

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Le télécentre n'est pas parvenu à faire le plein

Crédit photo Rodolphe Helderlé

Dix ans après son inauguration, le «Téléspace» de Villard-de-Lans affiche un taux d'occupation de 60 %. Les salariés de Hewlett-Packard et de Schneider Electric n'occupent plus les lieux depuis fin 2002. Les bureaux sont aujourd'hui fréquentés par des indépendants et des PME.

En octobre 1996, Jean Faure, sénateur maire d'Autrans (Isère), inaugurait en grande pompe le premier télécentre français construit à Villard-de-Lans, sur le plateau du Vercors. Doté d'une architecture moderne, le bâtiment, baptisé «Téléspace», proposait à la location une surface de 270 m2 composée de bureaux de 15 m2, de plateaux modulables de 48 m2, d'une salle de réunion multimédia et des services de secrétariat partagés. Le tout avec une liaison Internet haut débit pour l'ensemble des postes de travail, ce qui, pour l'époque, était plutôt rare. Du service haut de gamme, en somme.

Eviter les trajets pénibles

L'objectif premier de ce «Téléspace» était de permettre aux personnes résidant sur le plateau et travaillant «en bas», à Grenoble (30 km), d'éviter de pénibles trajets, surtout en hiver. Dès le départ, Hewlett-Packard et Schneider Electric, deux groupes ayant des implantations à Grenoble, avaient décidé de jouer le jeu en signant des baux de trois ans. Début 1999, des salariés de ces deux entreprises et des agents d'EDF télétravaillaient depuis le «Téléspace». A cette époque, le taux de remplissage était de 100 %, le reste des bureaux étant occupé par des indépendants et des PME comme Veloris, un centre d'appels travaillant pour Nouvelles Frontières.

Restructuration de deux sociétés

La donne est aujourd'hui différente puisque Schneider Electric et Hewlett-Packard n'ont pas reconduit leurs baux en 2002. Les restructurations engagées par ces deux groupes ont eu raison de l'expérience. L'argument financier a pesé lors de la décision dans la mesure où les coûts de location des bureaux étaient imputés sur le budget des services de rattachement des télétravailleurs. L'argument managérial a également contribué à sceller la décision puisque ce mode d'organisation ne convenait pas à la hiérarchie. « Les grandes entreprises n'ont pas intégré le télétravail dans leurs modes de management », estime François Vachon, directeur de la communauté de communes du massif du Vercors, qui regrette de ne pas être en mesure de proposer de l'accès Internet très haut débit. Alors que les deux télétravailleurs d'EDF s'apprêtent à quitter le «Téléspace», 24 personnes y travaillent encore, et 40 % de la surface est à louer.

Après deux mois d'audit, la communauté des communes a lancé, en septembre 2005, une campagne de promotion de son offre auprès des PME grenobloises. La priorité n'est plus de chercher à convaincre des grandes entreprises. Les tarifs des baux ont été revus à la baisse avec, désormais, un coût annuel de 240 euros du m2 annuel, intégrant l'abonnement à Internet, l'électricité et les charges.

Contrats de prestation de services

Outre la formule du bail sur trois ans, jugée rigide, le «Téléspace» propose, désormais, ses bureaux avec des contrats de prestation de services, à l'instar d'un centre d'affaires, moyennant un coût annuel de 320 euros du m2. Une option permettant aux entreprises et aux travailleurs indépendants de se rétracter avec un préavis de trois mois. Selon Bertrand Guynard-Brun, responsable de Veloris, « il y a très peu de turn-over sur l'équipe de huit salariés en poste au «Téléspace». Cela compense les moindres performances commerciales de cette équipe par rapport à celle qui se trouve à notre siège de Montbonnot, dans la banlieue grenobloise. Nous ne nous posons pas la question de concentrer nos équipes au siège ».

Début 2005, la Diact (Délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires, ex-Datar) lançait un appel à projets doté de 3 millions d'euros visant la création de 1 000 emplois en télétravail dans 100 télécentres, d'ici à 2007. Priorité est donnée aux projets ciblant des zones de revitalisation rurale. Trente-cinq dossiers ont, pour le moment, été déposés. Ils prétendent à des aides plafonnées à 20 000 euros.

Un lieu polyvalent

« Un télécentre ne doit pas être considéré comme une structure rigide. C'est un espace, à construire ou d'ores et déjà existant, qui peut à la fois servir à accueillir des indépendants et des salariés et faire office de pépinière d'entreprise ou encore de lieu de formation », explique Xavier de Mazenod, vice-président du Réseau national des télécentres, une association créée en septembre 2004, soutenue par la Diact, afin de promouvoir les télécentres dont une demi-douzaine sont actuellement répertoriés.

Auteur

  • Rodolphe Helderlé