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La Territoriale à la recherche de candidats

Les Pratiques | Point fort | publié le : 07.02.2006 | Sylvie Karsenty

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La Territoriale à la recherche de candidats

Crédit photo Sylvie Karsenty

Afin de compenser les départs à la retraite et de faire face à ses nouvelles missions, la fonction publique territoriale recrute. Pour susciter des vocations, elle communique sur ses 250 métiers et tient salon. De plus, un projet de loi devrait la rendre plus attractive pour les candidats venus du secteur privé.

Il y a « urgence démographique » ! D'ici à 2012, 35 % des 1,7 million de fonctionnaires de la Territoriale et 50 % de ses cadres supérieurs atteindront l'âge de la retraite, privant ainsi les collectivités locales de moyens en personnel, au moment où elles doivent assumer de nouvelles responsabilités liées à la décentralisation. La fonction publique territoriale a donc entrepris de mieux se faire connaître auprès d'un large public de jeunes, de jeunes diplômés, de demandeurs d'emploi et de salariés du privé.

Edité par le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale), le Répertoire des métiers territoriaux a notamment pour objectif de donner de la lisibilité à ces métiers mal connus du grand public. Qui sait qu'on peut être archéologue, chef de projet Europe ou négociateur foncier dans la fonction publique territoriale ? Publiée en 2005, la nouvelle version du répertoire recense 250 métiers. Pour chacun sont indiqués la correspondance avec le ou les métiers du secteur privé, les numéros des fiches Rome et les conditions d'accès.

Promouvoir le répertoire des métiers

Une communication auprès des collectivités et du grand public a été organisée pour promouvoir et décliner le répertoire. « Nous avons axé notre communication sur les métiers plutôt que sur la fonction publique territoriale elle-même », explique Stéphanie Prunier, directrice de la communication du CNFPT.

Publicité et site Internet

Sur le Salon de l'emploi public de 2005, au stand dédié aux métiers de la Territoriale, des professionnels se sont relayés pendant trois jours pour parler de leur quotidien. Une page de publicité - «250 métiers territoriaux, choisissez le vôtre dans le répertoire des métiers» - a été insérée dans différentes publications. Elle renvoie au site Internet du CNFPT, qui diffuse des clips sur certains métiers.

Le CNFPT a aussi été à l'origine de ce salon, organisé depuis 2004 avec le groupe de presse Le Moniteur. La deuxième édition a attiré, en 2005, plus de 17 000 visiteurs, dont 29 % étaient des salariés du privé. Ils ont rencontré une centaine d'exposants représentant les trois fonctions publiques (Etat, territoriale, hospitalière). La prochaine édition, qui aura lieu du 9 au 11 mars à Paris, est annoncée à grand renfort de publicité. Ce concept a fait des émules en région, le premier salon régional s'est tenu en Martinique en septembre 2005, suivi de Vannes (56) en janvier 2006. Au programme : Agen et La Réunion en mars, Nancy en mai. Ces salons sont aussi l'occasion de rappeler qu'il n'y a pas de limite d'âge pour passer les concours de la territoriale, la dernière limitation, qui concernait le concours de conservateur du patrimoine ou des bibliothèques, ayant été récemment supprimée.

Centre de gestion interdépartemental

Autres acteurs importants du secteur, les centres de gestion (qui organisent notamment les concours de catégorie B et C) cherchent, eux aussi, à attirer des candidats correspondant aux profils recherchés. Ainsi, le CIG (centre de gestion interdépartemental) petite couronne assure la publicité des offres d'emploi des collectivités des trois départements limitrophes de Paris, met à leur disposition un vivier de candidatures et participe à la promotion de l'emploi territorial. Les offres d'emploi sont publiées sur Internet et automatiquement adressées aux IEP (Instituts d'études politiques) et à la cellule de mobilité de France Télécom. Le CIG a mis en place, en 2002, une «mission remplacement» qui recrute des agents non titulaires pour remplacer des titulaires absents. Un «intérimaire» sur deux est ensuite intégré soit par recrutement direct, soit par concours.

Depuis 2004, le CIG petite couronne organise aussi des ateliers de recherche d'emploi pour les lauréats des concours (dans la FPT, il ne suffit pas de réussir un concours, il faut ensuite trouver son emploi). Ils débutent par une conférence qui présente les différentes collectivités, notamment celles qui sont moins connues (syndicats intercommunaux, communauté d'agglomérations par exemple), les perspectives démographiques et les différents types d'offres d'emploi pour illustrer la variété des postes disponibles. Ensuite, un animateur conseille individuellement le candidat sur le CV, la lettre et l'entretien. Depuis 2003, le CIG petite couronne propose un nouveau service aux collectivités, le conseil en recrutement, qui exclut toutefois la chasse de têtes.

Reconnaissance de l'expérience

Une profonde réforme de la fonction publique territoriale a été engagée. Le projet de loi, présenté par Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités territoriales, et adopté par le Conseil des ministres du 11 janvier dernier, vise à mieux former les agents tout au long de leur vie professionnelle, à assouplir la gestion des ressources humaines et à rendre la territoriale plus attractive pour les salariés issus du secteur privé, grâce, notamment, à la Reconnaissance de l'expérience professionnelle (REP). D'après l'entourage du ministre, il s'agit de mieux prendre en compte l'expérience pour déterminer la rémunération et de développer les troisièmes concours. Instaurés en 2001 par la loi de résorption de l'emploi précaire, ceux-ci avaient pour objectif d'offrir des débouchés aux emplois-jeunes, d'élargir le vivier de recrutement et de diversifier les profils, en recrutant des élus, des salariés du privé ou des associations.

Pour chaque cadre d'emplois (un fonctionnaire territorial est recruté sur un cadre d'emplois, au sein duquel il pourra exercer différents métiers), un décret fixe la nature et la durée des activités requises ainsi que la proportion des places offertes par cette voie par rapport au nombre total de places. Ces concours ont été progressivement mis en place ; ils concernent, aujourd'hui, près du tiers des cadres d'emplois. Une fois le candidat recruté, il bénéficie d'une reprise d'ancienneté qui lui évite de démarrer sa nouvelle carrière à zéro. Le nombre de ces concours devrait donc augmenter, les épreuves être mieux adaptées aux candidats et la reprise d'ancienneté plus favorable.

Recentrer le CNFPT sur sa mission de formation

Le CNFPT, qui assurait jusqu'à maintenant l'organisation de nombreux concours de catégorie A, sera recentré sur sa mission de formation, avec de nouvelles responsabilités sur la REP et sur la VAE.

Enfin, les collectivités devraient être dissuadées de se livrer une guerre trop rude : celles qui débaucheront un fonctionnaire dans les trois ans qui suivent sa titularisation devront verser à la collectivité d'origine une indemnité qui compense les dépenses de formation. Prochaine étape : en mars, au Sénat.

Des fonctions accessibles aux cadres venus du privé

En principe, la fonction publique territoriale doit recruter des fonctionnaires. Elle peut toutefois recruter des contractuels pour certains emplois, comme ceux de cabinet, ou quand elle ne trouve pas de fonctionnaires possédant les compétences recherchées. « Nos clients recrutent des cadres du secteur privé dans plusieurs domaines, observe Alexandra Tissot-Pagès, directrice du développement de Light Consultants, un cabinet spécialisé dans les collectivités territoriales.

Dans la communication, les NTIC et le développement économique, environ deux tiers des recrues sont issues du privé. Elles sont particulièrement appréciées dans le développement économique, puisqu'elles auront pour mission de rendre le territoire attractif pour les entreprises.

Autre opportunité : les postes de coordonnateur TCSP (transports en commun sur site propre) pour concevoir les futurs tramways. Certains domaines connaissent des pénuries de candidats, le BTP et la finance notamment. Une fois embauchés, ces candidats devront passer les concours pour être titularisés.

Autre possibilité : le CDI. Depuis une loi de juillet 2005, les collectivités sont désormais tenues de proposer un CDI si elles souhaitent garder un salarié à l'issue de deux CDD de trois ans.

Les tendances de l'emploi territorial en 2006

Comme chaque année, l'Observatoire du CNFPT fait le point sur les tendances de l'emploi territorial. Cette année, 2 330 collectivités ont répondu à l'enquête.

En 2005, les effectifs territoriaux se sont accrus de 1 % à 2 %. En 2006, les collectivités envisagent 25 000 recrutements, soit une baisse de 25 % par rapport à 2005.

Parmi elles, les plus gros recruteurs seront les départements, les organismes intercommunaux, les centres communaux d'action sociale et les caisses des écoles.

Les secteurs où les recrutements envisagés sont les plus nombreux sont la petite enfance, le social, les affaires juridiques et administratives, la restauration collective, et la collecte et gestion des déchets.

Les collectivités recherchent plus particulièrement des attachés qui seront directeurs ou chargés de mission, des rédacteurs qui exerceront, par exemple, des métiers de gestionnaire des marchés publics ou de comptable, des ingénieurs, des techniciens supérieurs (informaticiens, techniciens bâtiment...) et des agents d'entretien.

17 % des collectivités déclarent éprouver des difficultés de recrutement, notamment dans le bâtiment, la voirie, les infrastructures et réseaux, les affaires juridiques et administratives. La plupart des collectivités regrettent, comme les années précédentes, l'inadéquation des candidats avec les profils recherchés. Les communes de plus de 1 000 habitants mettent aussi en avant le faible niveau des rémunérations proposées.

72 % des salariés sont titulaires ; 23 % non-titulaires ; 5 % occupent des emplois aidés.

L'essentiel

1 D'ici à 2012, plus d'un tiers des fonctionnaires de la Territoriale et 50 % de ses cadres supérieurs partiront en retraite, alors qu'elle doit assurer de nouvelles missions liées à la décentralisation.

2 Pour mieux se faire connaître d'éventuels candidats, le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) vient d'éditer un nouveau répertoire de ses métiers et organise le Salon de l'emploi public.

3 Par ailleurs, une réforme de la FPT a été engagée. Un projet de loi prévoit, notamment, d'assouplir la gestion des RH et d'attirer les salariés du secteur privé, grâce à un dispositif de reconnaissance de l'expérience professionnelle (REP).

Auteur

  • Sylvie Karsenty