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Les Pratiques

Aux Etats-Unis, le secteur auto migre au sud

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 07.02.2006 | Caroline Talbot, à New York

Les grands constructeurs automobiles américains sont en train de supprimer massivement des emplois au nord du pays... tandis que leurs concurrents japonais et allemands embauchent au Sud.

Detroit, le quartier général des «Big Three» - General Motors, Ford et Daimler Chrysler -, ne cesse d'encaisser les mauvaises nouvelles. L'héritier William Ford, Pdg du groupe Ford, vient d'annoncer 30 000 suppressions d'emploi à venir pour adapter ses structures à la réduction du marché nord-américain. La direction de General Motors, de même, avait engagé quelques mois auparavant une baisse de ses effectifs de 30 000 personnes. Et l'équipe dirigeante du groupe germano-américain Daimler Chrysler promet pour bientôt 6 000 suppressions de poste dans l'ensemble du monde.

Préférence pour les autochtones

Plus de 60 000 emplois de cols bleus, bien payés, assortis d'une généreuse retraite et d'une solide assurance santé, vont ainsi disparaître. Mais le niveau de l'emploi automobile reste pourtant presque identique. Car une nouvelle industrie, créée par les constructeurs étrangers, japonais et allemands, est, elle, en train de prospérer. Et d'embaucher. Mais au sud des Etats-Unis.

La direction du japonais Toyota Motor Manufacturing of America construit ainsi une usine à San Antonio (Texas) pour fabriquer ses véhicules Tundra. A la fin 2006, 2 000 nouveaux salariés texans devraient s'y installer. La direction de Nissan North America, basée à Gardena, en Californie, étudie, elle, un développement de sa nouvelle usine du Missouri.

Les constructeurs japonais et allemands (BMW, Volkswagen) qui embauchent se gardent bien d'aller chercher les licenciés de Detroit. Honda, Nissan, Toyota... préfèrent la population autochtone du Sud, celle de l'Ohio, de l'Alabama, de la Caroline du Nord, du Tennessee...

Ouvriers non syndiqués

« Ils ne veulent surtout pas d'ouvriers syndiqués de l'UAW (Union Auto Workers) », explique Gary Chaison, professeur de relations industrielles à l'université Clark. Les représentants de l'UAW réclameraient les 30 dollars de l'heure usuels à Detroit.

Les ouvriers du Sud, non syndiqués, sont moins exigeants. Ils ont vécu la crise du textile et de l'habillement, ont vu leur travail partir au Mexique, puis en Chine, et se satisfont des 15-20 dollars de l'heure offerts par les constructeurs auto. « Les Japonais préfèrent les petites villes de campagne du Sud-Ouest aux grandes agglomérations du Nord, reprend Gary Chaison. Les ouvriers y sont plus souples, plus jeunes et méfiants vis-à-vis des organisations syndicales. Ces nouveaux patrons créent un climat particulier. Il y a peu de barrières entre les managers et les ouvriers, pas de parking réservé pour le patron, pas de séparation à la cafétéria. » Et donc, pas besoin de syndicats. De plus, la jeunesse des troupes allège les dépenses de santé et remet à plus tard le versement des pensions de retraite.

Auteur

  • Caroline Talbot, à New York