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La gestion des talents, chasse gardée des DRH

L'actualité | L'événement | publié le : 07.02.2006 | Fanny Guinochet

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La gestion des talents, chasse gardée des DRH

Crédit photo Fanny Guinochet

Une orientation clairement axée «business», une tendance affirmée pour le management du changement et l'efficacité organisationnelle, telles sont les principales priorités de la fonction RH. C'est ce que montre une enquête menée auprès de 45 grandes entreprises basées en Europe.

Quelles sont les attentes des services ressources humaines ? Comment voient-ils évoluer leur métier ? Quelles sont leurs priorités ? Quelles sont leurs principales contraintes ? Autant de questions que le Club européen des ressources humaines a posées à de grandes entreprises de différents secteurs, comme Total, Alstom, Publicis, Chantelle, la Fnac... Originalité de cette enquête, son caractère européen : « Il existait de nombreuses études sur la fonction RH, mais toutes restaient à un niveau national. Cette donnée était devenue obsolète tant les grandes entreprises ont aujourd'hui une vocation européenne et même internationale. L'impact sur la fonction RH ne pouvait être passé sous silence », explique Leonardo Sforza, responsable de la recherche et des affaires européennes chez Hewitt Associates, cabinet qui a réalisé l'étude.

Profonde mutation

Ainsi, sur 500 groupes sollicités, plus de 45 multinationales ont accepté de répondre. Parallèlement, un groupe de travail regroupant une dizaine de DRH a également été mis en place au dernier semestre 2005. Premier enseignement de ces travaux : la fonction RH connaît aujourd'hui une profonde mutation. « La bonne nouvelle est que l'image conservatrice et administrative des RH tend à disparaître. Le métier est devenu un partenaire incontournable des directions générales et des comités de direction », souligne Leonardo Sforza ; 60 % des DRH ont le sentiment que leurs objectifs s'alignent avec ceux de leur CEO.

Mais, pour eux, l'impact le plus significatif de leur métier porte sur le management des compétences, la gestion des talents, le maintien de la motivation et de l'investissement des salariés. Il s'agit, notamment, d'intégrer les objectifs de productivité, et la portée de leurs actions se mesure à leur capacité à accompagner avec efficacité les changements auxquels sont régulièrement soumises les entreprises. Aujourd'hui, la vigilance portée à la réduction des coûts semble être largement intégrée par le métier. Ainsi, la fonction s'oriente-t-elle de plus en plus vers une dimension stratégique.

Manque de visibilité

Pour autant, il apparaît que les missions qui leur sont confiées sont de plus en plus dispersées. Un éparpillement souvent ressenti comme un manque de visibilité. Pour le limiter, l'externalisation reste une solution appréciée qui devrait encore se confirmer. Pour les DRH interrogés, les tâches administratives (gestion des plannings, paie, données juridiques...) peuvent facilement être reléguées en dehors de l'entreprise. En revanche, ils sont plus de 70 % à estimer que leur coeur de métier recouvre l'évolution de la performance et l'évaluation des talents. La gestion des carrières est, pour la grande majorité des répondants, une chasse gardée.

A l'inverse, les préoccupations relatives au dialogue social sont placées au dernier rang des priorités. Pour Leonardo Sforza, il ne s'agit pas forcément d'une baisse d'intérêt : « Peut-être est-ce parce que la gestion des relations sociales est une fonction traditionnelle et donc déjà très bien assumée par les RH... »

Intérêts divergents

Pour Jean-Pascal Arnaud, DRH de Chantelle et auteur de RH fiction et réalités (1), cette tendance est toutefois révélatrice. Pour lui, elle exprime les contradictions que les services ressources humaines ressentent quotidiennement : « La fonction RH se trouve aujourd'hui au croisement d'intérêts divergents : la logique de profit défendue par les actionnaires, la pression de la qualité portée par les clients, la dimension citoyenne chère à l'entreprise et à ses salariés... Etre au coeur de tous ces pôles est un défi incroyable pour le métier. Une occasion unique de se réinventer et de construire un nouveau modèle. »

Au service du plus grand nombre

Catherine Chouard, DRH d'Elior, fait, quant à elle, montre de vigilance : « Face à ces enjeux de pression accrue, de productivité, et d'environnements changeants, le risque de se perdre est grand. La fonction RH doit rester noble et humaine, au service du plus grand nombre, en lien avec la base. » Si s'imposer comme un business partner de l'entreprise est devenu indispensable, cette évolution ne doit en aucun cas occulter l'essence même du métier : porter au plus haut niveau les compétences des personnes. Et Catherine Chouard de conclure : « A nous de rester les gardiens du temple ! »

(1) Editions d'Organisation.

Auteur

  • Fanny Guinochet