Les stagiaires sont en colère. Ils se sentent exploités, occupant parfois de vrais emplois pour des indemnités de misère. Nous sommes loin de l'approche pédagogique voulue lors de l'instauration des stages en entreprise. Il est vrai que la conjoncture a nettement changé. Les managers, sous la pression toujours accrue d'objectifs de court terme, ont-ils vraiment le temps de faire oeuvre de pédagogie ? Et, contraints par la lourdeur et les coûts des procédures de recrutement, ne peuvent-ils pas être tentés par le recours à cette main-d'oeuvre motivée qui se presse aux portes de l'entreprise ?

Le Medef estime que seulement un peu plus de 1 % des stages correspondent à des emplois déguisés, ce chiffre est très largement sous-évalué.Bien sûr, il ne s'agit pas ici de généraliser, car il ne faut pas oublier les entreprises qui jouent le jeu et font de cette période un vrai plus pour les jeunes. Le problème tient, en grande partie, à la banalisation des stages. Au départ intégrés dans un cursus de formation, ils s'agrémentent ensuite à toutes les sauces. A l'arrivée, cet afflux crée une nébuleuse dans laquelle tout le monde se perd. Ne faudrait-il pas limiter les stages et les encadrer afin qu'ils retrouvent leur mission première : compléter la formation académique des jeunes ? Quitte à donner un sérieux coup de pouce à leur rémunération et à valoriser le rôle du responsable de stage en entreprise.