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Les Pratiques

Un soutien à l'emploi efficace

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 31.01.2006 | Sylvie Karsenty

Chez Sanofi Aventis (96 000 salariés, dont près de 30 000 en France), l'essaimage est une pratique ancienne qui symbolise l'esprit d'innovation. Depuis 1987, près de 1 000 salariés ont ainsi pu réaliser leur projet.

Aline adore le tango. Non contente de le danser, elle a créé une revue qui lui est dédiée, Tout tango. Christian, lui, exerce un métier peu banal ; comme son père, il est artisan-taupier. Il est même artisan-taupier officiel du château de Versailles, qu'il débarrasse de ces petits animaux encombrants, grâce à une méthode entièrement naturelle. Quant à Thierry, il est embouteilleur de grands crus et dirige une entreprise de 70 personnes. Tous trois sont d'anciens salariés de Sanofi Aventis. Aline était cadre dans un laboratoire de Montpellier, Christian a été technicien de maintenance pendant trente-cinq ans, tandis que Thierry a passé dix ans comme technicien à l'usine d'Ambarès, en Gironde. Plus classiquement, un ou deux pharmaciens du groupe reprennent, chaque année, une officine.

5 000 emplois maintenus

Depuis 1987, près de mille salariés ont ainsi essaimé. Ils se répartissent à égalité entre hommes et femmes, entre cadres et non-cadres. Ils ont créé ou maintenu plus de 5 000 emplois. Les projets les plus nombreux concernent les commerces (44 %) et les services (35 %). Viennent, ensuite, l'artisanat (10 %), les professions libérales (7 %), l'agriculture (3 %) et l'industrie (1 %).

« Dans les deux groupes, qui ont fusionné en 2004 pour constituer Sanofi Aventis, l'essaimage est une pratique ancienne », remarque Jean-Noël Douchement, directeur de l'essaimage et du développement régional. Il est né chez Aventis (alors Rhône-Poulenc), en 1985, suite à la loi instaurant le congé pour création d'entreprise, et en 1987, chez Sanofi. Dans les deux groupes, qui ont d'ailleurs contribué à la constitution de l'association Diese (lire encadré), l'essaimage a bénéficié du soutien de la direction générale, renouvelé après la fusion.

Structure dédiée permanente

« Il est essentiel que notre maison soit à l'écoute des femmes et des hommes qui la constituent et qu'elle participe à leur épanouissement. C'est pour cette raison que nous avons mis en place, de longue date, une structure dédiée permanente pour accompagner celles et ceux qui, en créant leur activité, incarnent l'audace, le courage et le sens de l'initiative, qui s'inscrivent dans les valeurs de notre groupe et contribuent, ainsi, au développement de l'emploi et à la prospérité du tissu économique », écrit le président, Jean-François Dehecq, dans la plaquette de présentation du programme.

Rattachée au directeur des relations sociales, la cellule essaimage compte trois personnes (deux en équivalent temps plein), le directeur de l'essaimage et du développement régional, la responsable de l'essaimage, fidèle à ce poste depuis vingt ans, et une assistante.

La confidentialité est le maître mot de la démarche. « Je rencontre parfois les salariés tôt le matin ou tard le soir, explique Marie-Françoise Torre, responsable de l'essaimage, qui n'hésite pas à se déplacer dans un café ou même au domicile des porteurs de projet. En effet, un quart seulement des premiers contacts débouchent sur une création d'entreprise. Quelle que soit la bonne volonté des DRH ou des responsables hiérarchiques, les porteurs de projet «déclarés» risqueraient de voir leur avenir professionnel compromis s'ils décidaient finalement de rester dans le cocon d'un grand groupe.

Accompagnement

Commence alors un accompagnement au long cours, qui peut durer plusieurs années et qui prend différentes formes : rencontres, conversations téléphoniques, courriers électroniques. Si elle le juge opportun, la responsable de l'essaimage met le porteur de projet en relation avec des experts internes ou externes et avec les réseaux d'aide à la création d'entreprise. Il peut ainsi rencontrer, en toute confidentialité, des financiers, des spécialistes des brevets, de l'immobilier, des juristes... Le groupe peut financer des formations, des frais de déplacement et fournir du matériel.

Après le grand saut, ceux qui le souhaitent bénéficient d'un suivi ; 10 % des essaimés deviennent fournisseurs du groupe. « J'ai pu faire du démarchage auprès de la société pour trouver mes premiers contrats de recherche, mais aussi la quasi-totalité du matériel scientifique nécessaire à l'installation physique de ma société », a témoigné Philippe, créateur d'une société de biotechnologie, lors d'un colloque consacré à l'essaimage. Cet accompagnement se révèle efficace, puisque le taux de réussite à cinq ans s'élève à 80 %, largement supérieur au taux national (51 %).

2006 sera l'année de l'essaimage... de l'essaimage, jusqu'ici limité à l'Hexagone. Première étape : deux ou trois pays européens, en tenant compte de leurs spécificités culturelles.

Développement de l'initiative et de l'entrepreneuriat

Fondée en 2000 par six entreprises, Diese (Développement de l'initiative et de l'entrepreneuriat chez les salariés des entreprises) regroupe, aujourd'hui, douze grandes entreprises : Air France, EADS, EDF, France Télécom, Gaz de France, Lafarge, La Poste, Renault, Sanofi Aventis, Schneider Electric, Total et Veolia Environnement. Lieu d'échanges de bonnes pratiques, l'association souhaite aussi favoriser les échanges entre les essaimés de différentes entreprises. Elle organise, depuis 2005, des rencontres régionales. Deux manifestations ont eu lieu en 2005. Deux ou trois rencontres sont prévues pour 2006.

Auteur

  • Sylvie Karsenty