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L'actualité

Seb : l'argument chinois

L'actualité | publié le : 31.01.2006 | Florence Roux

Pour faire face à la concurrence chinoise, le groupe Seb supprimera 890 emplois en France d'ici à fin 2007. Sans licenciements secs, en s'orientant vers un accord de méthode.

D'ici à fin 2007, le groupe Seb aura supprimé 890 emplois en France, sur un effectif national de plus de 7 000 personnes*. Le groupe se donne deux ans pour fermer trois des treize sites industriels français. Selon la direction, réunie en comité de groupe, le 24 janvier, à Ecully (69), deux sites seront « maintenus en activité jusqu'à 2008 ». Celui de Seb, au Syndicat (Vosges, 439 salariés), qui produit des appareils à résistance, et le fabricant de bouilloires Tefal, à Dampierre (Jura), avec 170 personnes. Le site Moulinex de Fresnay-sur-Sarthe (212 salariés) fermera ses portes dès 2006. Une partie de l'activité (production de machines Expresso, bureau d'études) sera transférée sur l'usine Moulinex de Mayenne (à 75 km) et devrait permettre le maintien d'une cinquantaine de personnes. Cette année, également, l'usine Rowenta de Vernon (aspirateurs) verra le départ de 66 personnes sur 245.

Concurrence asiatique

« Seb, qui compte plus de la moitié de ses effectifs en France, est l'un des derniers groupes à fabriquer du petit électroménager en Europe, a plaidé Thierry de la Tour d'Artaise, Pdg du groupe. Or, nous devons faire face à une très forte concurrence des produits asiatiques, en particulier pour l'entrée de gamme. Il faut savoir, par exemple, que 80 % des grille-pains dans le monde coûtent moins de 30 euros, qu'on trouve des cafetières à moins de 6 euros. »

Les solutions ? Miser sur le haut de gamme en Europe et, surtout, alors que le groupe possède déjà une unité de production à Shanghai, « externaliser la fabrication de produits banalisés » (bouilloires, cafetières, grills...). « On est frappé par la «chinoitisation», ironise Jean-Pierre Boitard, délégué FO au Syndicat. En comité de groupe, on nous a expliqué que le coût horaire du travail, charges comprises, s'élève à 0,50 euro en Chine, contre 25 euros en France... »

Drames humains

Face à l'inquiétude de l'intersyndicale (FO, CGT, CFDT, CFTC), qui prédit « des drames humains », en particulier dans les usines de Moulinex à Fresnay, ou de Seb au Syndicat, qui ont déjà été éprouvées par des plans sociaux, Thierry de la Tour d'Artaise a assuré qu'il n'y aurait « aucun licenciement sec » et que le groupe privilégierait « la mobilité interne, la réindustrialisation des bassins d'emploi et des mesures de préretraites «maison» ». Monique Guéranger, responsable CFDT à Fresnay, a déjà connu la fermeture du site Moulinex d'Alençon, en 2001 : « Rien à voir avec le dépôt de bilan de Moulinex. On sent qu'il y a une préoccupation sociale et de l'argent pour cela. Sur notre site, où la moyenne d'âge est de 48 ans, environ 110 personnes vont bénéficier des préretraites «maison». »

Une semaine après l'annonce de la restructuration, aucun calendrier de négociations n'a été encore rendu public. Un accord de méthode devrait toutefois être discuté. Prochain rendez-vous à la mi-février.

* Le groupe compte 13 950 salariés et 24 sites industriels dans le monde.

Auteur

  • Florence Roux