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Les syndicats, des stakeholders à part

L'actualité | L'événement | publié le : 31.01.2006 | Guillaume Le Nagard

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Les syndicats, des stakeholders à part

Crédit photo Guillaume Le Nagard

Les responsables RSE ou RH de grands groupes adhérents de l'association Entreprises pour l'environnement et des responsables syndicaux ont travaillé ensemble, pendant trois ans, à définir le rôle des organisations de salariés dans le développement durable, l'intérêt et les conditions d'un dialogue efficace avec le management des entreprises sur le sujet.

Après les ONG, les syndicats ? Inscrire les partenaires sociaux dans la stratégie de développement durable des entreprises apparaît comme une évolution récente de la RSE. Une trentaine d'accords-cadres sur les droits sociaux des salariés, impliquant des fédérations syndicales internationales, ont certes ouvert la brèche. Mais, jusqu'ici, les ONG, investies dès le départ, très présentes lors des sommets mondiaux, avaient occupé l'essentiel du terrain du développement durable. D'autre part, bon nombre d'entreprises ont choisi de se passer de partenaires en édictant des chartes et en faisant seulement appliquer des audits internes ou par des tiers.

C'est pourquoi le patient travail de réflexion organisé par l'association Entreprises pour l'environnement (EPE) avec les responsables RSE ou RH d'une dizaine de groupes français (*) et les responsables confédéraux de la CFDT, de la CFE-CGC, de la CGT et de la CFTC éclaire un pan encore nouveau du développement durable et de la manière dont les entreprises peuvent le mettre en oeuvre.

Raisons du partenariat

Les résultats de ces rencontres, orchestrées par le sociologue Henri Vacquin, ont été dévoilés par EPE le 26 janvier, sous le titre Développement durable et dialogue entre les confédérations syndicales et le management des entreprises. L'étude, datée d'octobre 2005, décline les raisons d'un tel partenariat et les formes qu'il peut prendre.

Pour les entreprises, les organisations syndicales représentent une partie prenante particulière, à la fois proche des salariés, à l'interface entre l'entreprise et son environnement, et structurée comme elle - présente en même temps au niveau de l'atelier, de la branche, du pays, et au niveau mondial, par l'affiliation à une confédération internationale. Sans compter que les syndicats sont des interlocuteurs habituels de l'entreprise (au contraire des ONG, NDLR). « Et le développement durable est un terrain vierge pour le dialogue social, selon Jacques Lauvergne, responsable coordination RH d'Arcelor. Un sujet sur lequel il n'y a pas d'antériorité conflictuelle entre employeurs et organisations syndicales. »

Enjeux sociétaux

Pour les syndicats, les arguments ne manquent pas non plus : le développement durable élargit le champ des politiques à l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise, intègre des enjeux sociétaux auxquels les organisations se réfèrent déjà implicitement, le sujet « ouvre une perspective de discussions renouvelée » et renforce le positionnement des syndicats sur un terrain que les ONG ont occupé depuis longtemps. « Entre la communication d'une entreprise sur le développement durable et la conformité des pratiques, il y a une place pour les syndicats », estime Henri Vacquin.

Il reste à identifier les modes de fonctionnement possibles de ce partenariat. Les auteurs du document considèrent que les organisations syndicales pourraient intégrer le schéma d'organisation de la politique de développement durable, au même titre que les autres parties prenantes : au niveau du holding avec le comité de groupe ; des filiales avec les comités d'entreprise ou équivalents ; des établissements avec les comités d'établissement ou équivalents. Cette participation des représentants des salariés serait efficace au stade de l'élaboration des politiques, mais sans doute plus encore au stade du suivi : « Cette dernière phase permet de repérer les inévitables écarts entre discours et pratique... » Et créer une dynamique d'amélioration continue.

Contre-pouvoir mondial

« Les enjeux internationaux sont déterminants, considère Henri Vacquin. Et les syndicats auront à gérer l'articulation national/international. » Néanmoins, la fusion des instances syndicales mondiales (entre la CISL et la CMT) devrait faciliter les choses en faisant émerger un contre-pouvoir au niveau mondial d'ici à la fin de cette année. Les questions demeureront posées sur la capacité - peut-être la volonté - des syndicats à être présents en amont de la prise de décision d'une direction, relève Henri Vacquin : « Comment être présent sans être comptable de la décision prise par une direction ? Comment, acceptant le marché, y faire prendre en compte ce qui n'a pas de prix ? »

Autre champ à explorer : les relations avec les représentants des autres parties prenantes, en particulier des ONG, et la définition d'actions à mener avec eux. « Nous n'avons pas les mêmes démarches que les ONG ; nous avons des désaccords avec certaines, indique un syndicaliste. Elles parviennent pourtant parfois à faire émerger un sujet là où les démarches syndicales s'étaient révélées inefficaces, par exemple celui de l'amiante sur le Clemenceau. »

* Arcelor, CDC, EDF, Lafarge, RATP, Renault, Rhodia, Saint-Gobain, Seche Environnement, Suez.

Auteur

  • Guillaume Le Nagard