Plus on monte dans la hiérarchie, plus les compétences relationnelles comptent. Comment se fait-il donc, me direz-vous, que tant de managers autoritaires, coléreux ou centrés sur eux-mêmes sévissent dans les hautes sphères ? Ne nous faites pas croire qu'ils ont été promus sur le seul critère de leurs qualités personnelles ! Non, bien sûr. L'autre facteur déterminant reste le pouvoir et toutes les stratégies destinées à l'acquérir ou à s'y maintenir. Tant que les hommes seront ce qu'il sont, ces luttes de pouvoir subsisteront.
Mais, raisonnons autrement. Imaginons un monde où toutes les personnes seraient formées aux meilleures écoles, hautement compétentes et riches d'expérience. Vous êtes le DRH d'une société importante et vous êtes chargé de recruter le prochain directeur général. En passant en revue les candidatures, vous remarquez qu'elles se valent toutes : aucune différence de compétence ni d'intelligence, tous ces brillants cerveaux sont dotés des mêmes talents et des mêmes qualités d'expérience. Sur quoi allez-vous fonder votre décision ? Sur l'aptitude personnelle du candidat, ses traits de caractère, sa façon d'agir et de se comporter, bref, sa manière d'être avec les autres. Car vous savez qu'à ces degrés de responsabilité, chaque acte se répercute sur l'organisation.
Vous allez naturellement apprécier certains critères : la manière de traiter ses collaborateurs et ses clients, le soutien apporté à ceux qui innovent et prennent des risques, l'écoute attentive des opinions d'autrui, la maîtrise de soi quand l'entourage panique ou veut décider en urgence, l'aisance en délégation, la capacité de faire confiance à ses collaborateurs, la flexibilité d'esprit, l'aptitude à reconnaître ses erreurs et dépasser le besoin d'avoir toujours raison... Cette fois-ci, c'est clair, tous les candidats ne se valent pas. Nous sommes au coeur du leadership.
Elargissons maintenant notre raisonnement. Dans ce monde nouveau, où faire le marketing de ses compétences techniques et de son expérience n'a pas de sens (puisque tout le monde les possède), qu'inscrivons-nous sur notre CV ? Quelles qualités humaines et relationnelles peut-on s'attribuer ? Comment prouver que nous les possédons ? Quelles expériences citer en exemples si un recruteur nous questionne ? L'exercice peut paraître illusoire (aujourd'hui, seuls les diplômes et l'expérience comptent) ou difficile (je n'ai jamais réfléchi à des sujets pareils), mais il est loin d'être inutile. Le jour où l'on peut rédiger ce CV «nouveau modèle» et le montrer à ses amis ou à ses collaborateurs en recueillant leur approbation, nous avons franchi un grand pas sur le chemin du leadership.
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris <
