L'évolution des temps et des rythmes de travail est un facteur important de l'évolution de notre quotidien. Loin des bilans en termes strictement quantitatifs, loin, surtout, des clichés sur la société du temps libre, Pierre-Yves Sanséau dévoile les résultats d'une étude qualitative menée auprès de 40 salariés de France Télécom sur leur temps de travail.

Etonnamment, la réduction des durées travaillées est un aspect qui, de prime abord, n'est pas valorisé comme tel. C'est, avant tout, sur l'aménagement du temps et sur les nouveaux rythmes de travail que se centrent les discours. Avant de travailler moins, les salariés ont donc le sentiment non seulement de travailler, mais, souvent, de vivre autrement.

A ce niveau, les appréciations des intéressés peuvent se révéler très divergentes. Le temps libre généré par l'ARTT est soit valorisé, soit fortement déstructurant selon que le salarié participe ou non à la gestion de ses horaires.

Par ailleurs, le passage escompté à un nouveau temps de loisir est rarement réalisé. Le temps libéré est, le plus souvent, consacré à des activités classiques. De plus, le décalage par rapport aux rythmes de la société civile peut être mal vécu. Le statut matrimonial et familial conditionne, pour une bonne part, la manière dont le temps libéré est perçu.

Une étude en finesse, qui ambitionne de saisir les enjeux de l'ARTT, non seulement par rapport au travail mais aussi par rapport à la vie de nos contemporains dans son ensemble.

Docteur en sciences de gestion, Pierre-Yves Sanséau est enseignant chercheur en GRH et en management à Grenoble école de management.