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Les Pratiques

Le dispositif à succès de la politique de la ville relancé

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 17.01.2006 | M.-P. V.

Créées en 1996, les zones franches urbaines (ZFU) avaient pour objectif de développer l'activité économique de quartiers difficiles et de favoriser l'emploi de leurs habitants. Aujourd'hui, dans le contexte des violences urbaines, le développement des ZFU redevient une priorité du gouvernement.

Quinze de plus : c'est le nombre supplémentaire de zones franches urbaines (ZFU) prévu par le budget 2006. Créées en 1996, ces ZFU exonèrent de cotisations sociales patronales et allègent la fiscalité des entreprises de moins de 50 salariés qui s'y créent ou s'y installent, à une condition : recruter un salarié sur trois dans la zone. Le territoire compte, aujourd'hui, 85 zones franches urbaines, dont la vocation principale est de soutenir la création et la pérennisation d'emplois dans les banlieues difficiles. Actuellement, 88 400 salariés sont employés dans ces zones, qui bénéficient de 339 millions d'euros d'allègements de charges sociales. Les aides fiscales représentent, quant à elles, 195 millions d'euros.

60 000 nouveaux emplois

Au total, la création de ce dispositif a favorisé l'installation de 15 000 entreprises, soit près de 60 000 nouveaux emplois. « C'est bien au-delà des espoirs du législateur, qui pariait sur la création de 5 000 à 7 000 emplois sur la période de 1997 à 2002 », note Laurent Pignol, chargé de mission à l'association Entreprendre, villes et quartiers, regroupant près d'une quarantaine de collectivités qui ont mis en place une zone franche. « Ces emplois sont essentiellement des CDI à temps plein, à faible qualification, qui, du coup, peuvent profiter à la population de ces quartiers, laquelle, en général, détient un faible niveau de qualification. » On estime, ainsi, que les résidents des ZFU représentent 32 % des nouveaux embauchés dans les entreprises qui s'y sont installées. « Nos enquêtes montrent qu'en offrant des emplois, ces zones redonnent des repères essentiels à des jeunes en situation d'échec scolaire et en difficulté d'insertion. Les ZFU ont aussi permis à beaucoup de gens de quitter ces quartiers, car, grâce à leur travail, leur situation sociale s'est améliorée. »

Bilan positif

Face à « la désespérance des jeunes des quartiers difficiles, selon les mots employés par Pierre André, sénateur UMP de l'Aisne et auteur d'un rapport sur la question, les zones franches urbaines ont constitué une réponse qui, après avoir été contestée au départ, présente, aujourd'hui, un bilan très positif puisque les entreprises qui y sont implantées employaient, au moment de leur création, 25 000 salariés, et en emploient, aujourd'hui, près de 90 000 », note le sénateur dans un avis présenté au Sénat, en novembre dernier. « C'est pourquoi la création annoncée de 15 nouvelles zones franches urbaines constitue une très bonne mesure », affirme-t-il.

Succès inégal suivant les régions

Néanmoins, les ZFU ne peuvent pas être considérées comme un remède miracle. Leur succès est inégal selon les régions. Ainsi, parmi les 41 nouvelles ZFU lancées au 1er janvier 2004, celles de Strasbourg ou de Toulouse ont connu des taux annuels d'installation d'entreprises supérieurs à 30 %, contre moins de 16 % sur Nancy ou Saint-Nazaire.

« Le développement des ZFU a été particulièrement important là où les collectivités locales ont accompagné leur installation de grands projets de rénovation urbaine, reconnaît Pierre André. La limitation du foncier disponible constitue indéniablement, à l'heure actuelle, un obstacle au développement plus poussé de certaines zones, auquel s'ajoute, parfois, le problème de friches industrielles dont la dépollution nécessite la mise en oeuvre de procédures complexes et entraîne des coûts importants. »

Ainsi, à Marseille, seule ville à posséder deux zones franches urbaines, « le foncier était disponible et le maire a mobilisé les équipes de la ville et mis les moyens nécessaires, notamment pour accompagner des projets de développement et de rénovation urbaine », raconte El Hassan Bouod, président de l'Association des entrepreneurs de la ZFU. Résultats : 1 300 entreprises installées, dont près de 300 de plus de dix salariés, et 8 000 emplois créés, dont 36 % bénéficiant à des habitants de la zone.

El Hassan Bouod a été l'un des premiers à s'y installer, en 1997, quand personne n'y croyait. Il dirige Bouod & Cie, une entreprise de transformation et vente de viande hallal, qui emploie 110 salariés, dont 42 sur la ZFU implantée au pied des quartiers nord qui dominent la rade de Marseille. « Je tire mon chapeau à celui qui a créé les zones franches. Le politique a enfin compris qu'il fallait faire de l'insertion par l'économique », se réjouit l'entrepreneur.

Fibre sociale recommandée

Mais le développement d'une ZFU est parfois freiné par le niveau d'éducation. Trop faible, il empêche souvent de dépasser le seuil des 30 % de salariés appartenant à la zone. « Quand je cherche une personne formée, pour un poste d'encadrement opérationnel ou administratif, je ne trouve aucun candidat qui habite la zone, regrette El Hassan Bouod. L'entrepreneur qui s'installe ici doit avoir une fibre sociale, car la gestion de ce public et de cet environnement demande aussi beaucoup d'énergie et de patience. »

Auteur

  • M.-P. V.