E & C : Le Sneps a rendu publics, le 9 janvier, les résultats d'une enquête sur les tendances du marché du portage salarial en 2004. Quelles sont-elles ?

M. A. : Le marché du portage progresse à un rythme annuel supérieur à 15 %. Nous constatons un rajeunissement et une féminisation de notre population, alors que le portage s'adressait, traditionnellement, à des seniors qui ne souhaitaient pas, ou ne pouvaient pas, travailler en entreprise. Sur les 8 000 cadres portés par nos membres, ceux de moins de 45 ans représentent, en 2004, 53 %, tandis que les plus de 45 ans comptent pour 47 %. Cette proportion était inversée, il y a encore deux ou trois ans. Sur la tranche d'âge des 30-45 ans, les femmes sont, maintenant, majoritaires à 51,5 %.

Par ailleurs, les métiers recherchés par les entreprises connaissent des évolutions. Entre 2002 et 2004, on note une progression des métiers des ressources humaines (+4 %) et de ceux du marketing et de la stratégie (+2 %), et une baisse des emplois de la communication (-4 %) et de la formation (-2 %).

E & C : Comment expliquez-vous ces évolutions ?

M. A. : La progression des moins de 45 ans s'explique par un recours de plus en plus fréquent au portage dans les nouvelles technologies, où l'on acquiert rapidement un niveau d'expertise suffisant pour travailler en autonomie. La féminisation du portage s'explique, quant à elle, par les facilités qu'il offre pour mieux organiser ses temps de vie. Enfin, l'évolution des métiers qui ont recours au portage tient aux besoins des entreprises de recourir à des prestataires extérieurs, car elles ne peuvent disposer d'experts internes dans tous les domaines.

E & C : Le rajeunissement et la féminisation du portage sont donc à mettre au compte de choix volontaires des salariés...

M. A. : C'est mon sentiment. L'hypothèse du portage subi n'est pas pertinente pour expliquer ces deux tendances, dans la mesure où le portage nécessite d'adopter une démarche volontariste.

*Syndicat national des entreprises de portage salarial.