logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les Pratiques

Le nouvel eldoradodes agences d'intérim

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 10.01.2006 | Marie-Pierre Vega

Le marché du recrutement en CDI est ouvert aux entreprises de travail temporaire (ETT) depuis un an. Pour conquérir ce nouveau segment d'activité, la plupart des sociétés d'intérim peaufinent leur stratégie marketing et étoffent leurs équipes.

Il y a un an, la loi de cohésion sociale mettait fin au monopole de l'ANPE. Pour la première fois, les agences d'intérim étaient autorisées à recruter des candidats en CDD et en CDI pour le compte de leurs entreprises clientes. Une « petite révolution », selon Christophe Dupont, directeur marketing de VediorBis, même si on sait depuis longtemps qu'un tiers des contrats d'intérim se transforment en embauches fermes. « La loi a fait tomber ce verrou qui cantonnait les sociétés de travail temporaire dans un seul type de contrat de travail, ce qui n'est pas adapté aux entreprises dont les besoins sont multiples », explique Christophe Dupont.

Mission longue

Pour occuper ce nouveau marché, les groupes d'intérim ont adopté des stratégies diverses. Proman, un groupe de taille plus moyenne, basé à Manosque et possédant une soixantaine d'agences sur le territoire, ne s'est pas « jeté dessus comme s'il s'agissait d'un nouvel eldorado, à l'inverse de certains confrères, affirme Roland Gomez, directeur général. Nous avons formé nos collaborateurs pour être efficaces, mais le travail temporaire facturé à l'heure reste notre mission principale. Lorsqu'un client envisage un recrutement en CDI, nous lui proposons une mission d'intérim un peu longue, qui se transformera en embauche, comme cela arrive dans 20 % ou 30 % des cas depuis des années. Nous préférons travailler ainsi et ne pas talonner nos équipes commerciales sur un objectif de placements en CDI. »

Consultant recrutement

Stratégie radicalement différente chez Manpower. Le groupe a choisi de s'entourer de consultants en recrutement « ayant une formation et une expérience RH et, éventuellement, commerciale », explique Daniel Grandpré, directeur de l'activité recrutement de Manpower. En 2005, la société a embauché, chaque mois, 10 à 15 nouveaux consultants, via son site Internet, la presse, et candidatures spontanées. « Nous possédons, aujourd'hui, un réseau de 150 consultants répartis sur les plus gros bassins d'emploi, dont l'Ile-de-France, avec 33 personnes, à Lyon, Nantes, Toulouse, Bordeaux, Lille, Strasbourg ou encore Marseille. En 2006, nous en embaucherons encore 120 », poursuit-il. Résultats : Manpower revendique 2 000 CDI pourvus en 2005. Optimiste, le groupe espère que ce marché « pèsera 10 % à 12 % de son activité d'ici deux à trois ans ».

Chez VediorBis, un double positionnement a été adopté. D'un côté, le groupe s'appuie sur les forces dont il dispose. De l'autre, il monte une structure spécifique. « Le processus de recrutement pour un CDI est très proche de celui mis en oeuvre pour un contrat d'intérim. Nos équipes ont juste besoin d'une mise à niveau essentiellement juridique », explique Christophe Dupont. En parallèle, VediorBis est en train de recruter 50 consultants, qui formeront l'ossature d'un nouveau réseau du groupe, «VediorBis Search», spécialisé dans le recrutement de qualifications pointues ou de cadres pour des fonctions de management. « Les agences de ce réseau feront uniquement du placement en CDD et en CDI. Nous allons commencer par en ouvrir dans six ou sept villes, comme Paris, Lyon et Lille. »

Adia, qui a rebaptisé ses agences «job store», a également recruté des consultants, sans toutefois créer de structures ad hoc. « Nous avons embauché 15 personnes, dont trois pour l'Ile-de-France et le Centre. Elles possèdent toutes une expérience en cabinet de recrutement. Elles interviennent en appui de nos collaborateurs en agence, qui bénéficient, par ailleurs, d'une formation aux méthodes de recrutement en CDI par notre équipe de psychologues du travail », raconte Sylvère Sautron, responsable placement d'Adia Ile-de-France Centre. En 2005, cette agence a réalisé 300 embauches en CDI pour le compte de ses clients (950 placements au niveau national sur les 8 500 réalisés par la profession).

« Ces résultats sont enthousiasmants pour une première année. Nos clients commencent à intégrer cette nouvelle dimension de notre offre. Certains sont encore dubitatifs sur notre capacité à pourvoir leurs postes en CDI, tandis que nous sommes en cours de référencement chez d'autres. » Même satisfaction chez Manpower, qui dit viser une clientèle de PME « qui n'ont pas d'équipe RH intégrée, indique Daniel Grandpré. Les grosses entreprises, elles, commencent seulement maintenant à venir vers nous. » Côté secteurs d'activité et qualifications recherchées, l'industrie fait souvent jeu égal avec le tertiaire. Maçons, téléconseillers, préparateurs de commande, caristes, électrotechniciens, vendeurs, assistantes : les agences de travail temporaire s'adressent à 80 % aux non-cadres.

Une activité marginale

Aucune statistique globale n'est encore disponible. « Nous attendons les consignes de l'Administration pour construire une batterie d'indicateurs adéquate », indique François Roux, délégué général du Sett (Syndicat des entreprises de travail temporaire). Néanmoins, il estime que « le volume de l'activité placement double chaque mois, tout en restant, bien sûr, marginal par rapport à l'intérim. Le placement ne représentera jamais une grosse part de l'activité des sociétés de travail temporaire. Celles de Grande-Bretagne pratiquent le recrutement depuis vingt-cinq ou trente ans, sans que cela dépasse 7 % de leur volume total d'activité. »

Auteur

  • Marie-Pierre Vega