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Enquête

Un filet anti-discriminations

Enquête | publié le : 03.01.2006 | Emmanuel Franck

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Un filet anti-discriminations

Crédit photo Emmanuel Franck

Michael Page a mis en place des dispositifs qui protègent ses consultants contre les demandes discriminatoires de leurs clients. Parmi ceux-ci, une compensation comptable en cas de non-conclusion d'un contrat.

En février 2003, le cabinet de recrutement Michael Page et sa filiale dédiée à l'intérim ont été secoués par la révélation, dans la presse, de l'existence de fiches d'évaluation de candidats, rédigées par certains de leurs consultants, comportant des annotations racistes et sexistes. Le cabinet n'a pas été condamné, mais il a tout de même décidé de réagir « afin que cela ne se reproduise plus », selon Fabrice Lacombe, directeur général de Michael Page France. Le cabinet a donc mis en place plusieurs outils techniques et organisationnels, dont certains en partenariat avec SOS Racisme. Dans les fiches d'évaluation, la place réservée aux commentaires a été remplacée par des critères préétablis qui ne laissent pas de place aux débordements subjectifs des consultants.

Une charte de déontologie

Surtout, Michael Page a entouré ses recruteurs d'un filet de sécurité, tissé de formations, de normes et de compensations, pour les protéger d'éventuelles demandes discriminatoires en provenance de leurs clients. « Nous avons réalisé qu'il fallait que nos consultants se sentent protégés par la loi et soutenus par leur employeur », explique Fabrice Lacombe. Dans cette optique, le cabinet s'est doté d'une charte de déontologie. En outre, 150 consultants ont été formés en droit pénal, en droit du travail et aux recommandations de la Cnil. Michael Page leur a, également, fourni un argumentaire à utiliser face aux clients. Il doit permettre d'« identifier les demandes discriminatoires, ces dernières empruntant souvent des voies détournées, d'invoquer la loi, et, enfin, de contre-argumenter », déclare Fabrice Lacombe. Parmi les contre-arguments, les consultants peuvent faire valoir que leur client sera remboursé sans frais s'il n'est pas satisfait du candidat qu'on lui envoie.

Egalement dans le but de débusquer les demandes discriminatoires, Michael Page forme ses nouveaux consultants au moyen d'une vidéo représentant des cas de discrimination à l'embauche. Enfin, un consultant confronté à une demande discriminatoire d'un client doit en référer à un membre de la direction.

Les consultants non pénalisés

Grâce à ces différentes procédures, Fabrice Lacombe estime que ses consultants sont parvenus à faire recruter « plusieurs dizaines » de personnes, en « forçant l'entretien de recrutement », alors que le client ne souhaitait pas recevoir le candidat. Et si le client est, décidément, inflexible, le consultant peut refuser un contrat, tout en étant, tout de même, crédité de ce chiffre d'affaires dans ses résultats. Cette possibilité, qui évite au consultant de nuire à ses propres intérêts, a été utilisée trois fois en deux ans.

Auteur

  • Emmanuel Franck