Qu'il s'agisse des normes salariales, de l'organisation du temps de travail, de la nature du contrat de travail et de ses différentes formes, le fonctionnement du marché du travail dans l'Hexagone a peu de choses à voir avec ce qu'il pouvait être il y a vingt ans.

Huit chercheurs de l'Ires analysent, à partir d'une comparaison avec les autres pays de l'Union européenne, ces mutations de l'emploi en France depuis deux décennies. Trois grands thèmes sont évoqués : les normes d'emploi, les dynamiques salariales et, enfin, la durée et les conditions de travail. Au terme de cette étude, une évidence s'impose : il faut chercher ailleurs que dans les rigidités institutionnelles les causes du chômage.

L'un des intérêts de l'ouvrage est notamment de faire comprendre comment les mutations profondes de l'emploi passent par des populations comme les femmes, les travailleurs âgés ou les immigrés, qui peuvent paraître a priori un peu excentrées par rapport aux problématiques globales. C'est, en effet, à travers ces catégories que les transformations de l'emploi tendent peu à peu à redéfinir la relation salariale dans son ensemble. Et c'est souvent sur ces cibles que se focalise également l'enjeu des politiques publiques : insertion, égalité, incitation à l'emploi des seniors...

L'examen détaillé du cas français conduit les auteurs à se demander si l'Hexagone n'est pas l'exemple même de l'incapacité des réformes structurelles à améliorer les performances du marché du travail. P. R.