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Les Pratiques

Würth France insère un malade psychique

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 20.12.2005 | Christian Robischon

Fait rarissime en France : une entreprise, la société alsacienne Würth France, accueille une personne atteinte de schizophrénie. Deux périodes d'essai de plusieurs mois décideront de son embauche.

«Aménager un poste de travail pour insérer un handicapé physique, nous savons faire. Mais ici, les requis sont différents. » Le DRH de Würth France (3 000 salariés), Luc Greth-Meranda, a vite saisi le défi que représenterait, pour ce distributeur de fixations industrielles, l'intégration d'une personne atteinte de schizophrénie au sein de la plate-forme logistique d'Erstein (67). Depuis début novembre, ce patient, du centre hospitalier d'Erstein, sort des colis des palettes, les déballe, les compte et les range, comme le font ses dix collègues non handicapés.

Dispositif «Evaluation en milieu de travail»

Au cours de cette première étape vers l'intégration, il ne travaille qu'à mi-temps (3 h 30 chaque matin) - il est suivi en parallèle en hôpital de jour - sous la surveillance du chef d'équipe posté à une dizaine de mètres. Il bénéficie du dispositif Evaluation en milieu de travail (EMT), qui lui fait conserver son statut de demandeur d'emploi avec une prise en charge à 100 % par les Assedic. Début 2006, il passera progressivement à temps complet. Si, au printemps prochain, l'expérience est concluante, Würth France devrait l'embaucher en CDI. Les premières semaines d'expérience incitent l'entreprise à l'optimisme : « Je n'ai noté aucune remontée négative de l'équipe. L'intéressé est motivé. Il a demandé à prendre de l'autonomie au bout de trois jours », se félicite Christophe Koenig, l'un des deux chefs d'équipe qui se relaient chaque semaine pour le suivre.

L'initiative a demandé un an de préparation. L'entreprise, guidée par son médecin du travail, a dû faire connaissance avec la schizophrénie, à travers plusieurs réunions avec l'équipe de l'hôpital qui suit le projet. « Il a fallu trouver à la fois un poste sans impératif particulier de productivité et des chefs d'équipe expérimentés », souligne André Reymann, directeur de la plate-forme de 300 salariés, qui ne compte que trois travailleurs handicapés mais qui sous-traite une partie de son activité à un CAT voisin. Les tuteurs ont reçu une brochure d'information et ils ont été formés par l'équipe médicale. Au quotidien, ils doivent surtout vérifier que le patient ne se renferme pas sur lui-même, ce qui serait le signe précurseur d'un état dépressif.

Effet thérapeutique

Le centre hospitalier a avancé pas à pas, lui aussi. Des visites du poste par l'équipe pilote ont précédé la sélection du candidat. Celui-ci n'est pas le patient le moins atteint, « mais nous le voulions ainsi, afin que l'intégration en entreprise exerce aussi un effet thérapeutique bénéfique », expose le Dr Philippe Meyer, chef du service psychiatrie. Le salarié a visité la plate-forme et son lieu précis de travail avant intégration, et l'équipe médicale l'a accompagné le premier jour. En cas de problème sur le poste, l'hôpital s'engage à intervenir immédiatement.

Auteur

  • Christian Robischon