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Les Pratiques

Les patrons hollandais obligés de choyer leurs seniors

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 20.12.2005 | Didier Burg, à Amsterdam

Face au vieillissement de la population, le gouvernement des Pays-Bas incite les entreprises à promouvoir le travail des seniors. Le chimiste DSM a signé un accord dans ce sens.

Le grand chimiste néerlandais DSM bichonne ses seniors. Loyaux, ponctuels, consciencieux, les éloges à leur égard ne tarissent pas. Afin de conserver cette force vive, le groupe, basé à Heerlen, a conclu un accord peu banal avec les syndicats, destiné à faciliter la vie des seniors au sein du groupe.

Régime de «faveur»

« Tous les membres de notre personnel sont employés selon leurs compétences », indique Hans Bluyssen, porte-parole de DSM. Mais, dans les faits, vu la pénibilité des tâches imposées à nombre de salariés du secteur chimique, ceux dont l'âge de la retraite approche (65 ans selon la convention collective) bénéficient d'un régime de «faveur». Quatre ans avant leur départ effectif, ils peuvent travailler un jour en moins par semaine. Une largesse toute relative, puisque, au pays des polders, où le compromis est érigé en règle d'or, le patron ne paie que la moitié de cette journée, le reste étant à la charge du senior. « Les salariés qui bénéficient de cette situation disposent de jours fériés supplémentaires », précise-t-on au siège du groupe.

Au nom de la non-discrimination, DSM se refuse cependant à mettre en place une politique sociale spécifique «pour les vieux». Ainsi, aucun emploi ne leur est réservé. De même, le groupe exclut d'adapter certains postes. Malgré tout, à partir de 55 ans, les seniors doivent travailler de jour et sont exemptés des trois/huit. Quant au départ en retraite, s'il est fixé officiellement à 65 ans, les salariés pouvant bénéficier d'un régime de préretraite sont tout de même légion.

L'exemple de DSM n'est pas un cas d'école. Au total, une cinquantaine d'entreprises se sont engagées auprès du ministère de la Santé à prendre les mesures nécessaires pour promouvoir le travail des seniors. Rien d'étonnant, vu les inquiétudes du gouvernement sur le financement des retraites face au vieillissement de la population.

Mesures coercitives

En fait, La Haye oeuvre, depuis plusieurs années, pour remettre le troisième âge sur le chemin de l'emploi. Après avoir pénalisé les entreprises licenciant leurs seniors et favorisé celles qui les embauchent, en abaissant de près d'un quart leurs cotisations sociales, le gouvernement a récemment introduit de nouvelles mesures coercitives. Ainsi, au risque de voir leurs allocations mises à mal, les chômeurs de 57 ans sont désormais priés de répondre à des offres d'emploi.

Mais le coup d'éclat de la coalition démocrate-chrétienne au pouvoir a été de quasiment supprimer tous les avantages fiscaux liés aux préretraites. En outre, un départ anticipé entraînera, de facto, une réduction de la pension versée, et un départ tardif, une majoration. Des mesures qui ont fait descendre dans la rue plus de 250 000 salariés en colère. Du rarement vu aux Pays-Bas !

Auteur

  • Didier Burg, à Amsterdam