logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les Pratiques

La RTM cherche à se remettre sur les rails

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 20.12.2005 | M.-P. V.

En grève pendant quarante-six jours, les traminots de la Régie des transports de Marseille (RTM) ont repris le travail fin novembre, sans avoir obtenu ce qu'ils réclamaient. Le front syndical s'est lézardé. Direction et syndicats s'observent. Un diagnostic de fonctionnement du management et du dialogue social devrait être engagé.

Quarante-six jours de grève pour rien : c'est un peu le sentiment qui domine chez les agents de la RTM. Ils n'ont obtenu satisfaction sur aucune de leurs revendications. La principale étant l'abandon de la délégation de service public (DSP) qui devrait associer la RTM à une entreprise privée, Connex, pour l'exploitation du futur tramway.

La communauté urbaine de Marseille, autorité de tutelle de la RTM, et son président, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, n'ont pas cédé. La CGT et la CFDT, majoritaires, elles, ont dû plier.

Accord de fin de conflit

Le front syndical s'est brisé, le 21 novembre, lorsque FO et l'Unsa, syndicats minoritaires à la RTM, ont accepté un accord de fin de conflit avec la direction et appelé à la reprise dans un des quatre dépôts. La CFDT, la CGT, la CFTC, Sud et un syndicat libre, qui ont participé au sein de l'intersyndicale à l'élaboration de cet accord, ont néanmoins refusé de le signer, avant de jeter l'éponge quatre jours plus tard.

Le texte prévoit un «diagnostic du fonctionnement du management, de l'organisation et du dialogue social», l'élaboration d'un nouveau projet d'entreprise, une majoration des salaires, et, pour les signataires, l'étalement sur dix mois des retenues des jours de grève d'octobre avec compensation de ceux de novembre par des jours de congés. « C'est toujours compliqué de sortir d'une grève longue, commente Alain Réquéna, secrétaire général de FO à la RTM. Nous avons obtenu la garantie que le personnel du tramway serait 100 % RTM, et le projet d'entreprise a été retiré en attendant de retrouver les conditions d'un dialogue social apaisé. Mais rien n'est terminé, nous avons encore notre mot à dire sur la DSP. Le maire de Marseille doit se remettre en cause. »

Un encadrement affaibli par l'intérêt politique

C'est l'une des particularités de cette entreprise publique. Comme à la SNCM ou au Port autonome de Marseille, qui, eux aussi, vivent régulièrement des conflits durs, l'intérêt politique prend souvent le pas sur l'intérêt économique, affaiblissant ainsi l'encadrement. Les nominations des responsables se font et se défont dans les conflits. Alain Réquéna le dit tout net : « Il n'y a pas d'équipe dirigeante, pas d'encadrement de qualité. Le directeur actuel a montré ses limites. Il doit partir. »

Le conflit a révélé, s'il était encore besoin de le prouver, que le dialogue social n'est pas le fort de l'entreprise. Dans son rapport, le médiateur, Bernard Brunhes, appelé un temps à la rescousse par le gouvernement, constatait « un important déficit de dialogue social » et une « absence de clarté ». A tel point que la direction a décidé de demander à la justice - qui lui a donné raison - de déclarer illégale la grève qui a paralysé l'agglomération marseillaise et a coûté quelque 5 millions d'euros à la collectivité.

Signature prochaine d'un contrat d'objectifs

Le médiateur s'est également étonné que les relations entre la communauté urbaine de Marseille et la RTM ne soient pas régies par un contrat d'objectifs. Un tel contrat sera prochainement conclu. « Dans le courant du premier semestre 2006, nous allons signer un contrat pluriannuel sur cinq ans, qui fixera à la RTM des objectifs quantitatifs et qualitatifs pour l'exploitation des bus et du métro, ainsi que les moyens afférents. Un contrat similaire sera signé cet été si nous obtenons la DSP, explique Marc Girardot, directeur de la RTM. Un nouveau projet d'entreprise va être élaboré en cohérence avec ces deux contrats et les diagnostics qui, je l'espère, seront réalisés dans les six mois à venir. » L'un d'eux portera sur l'efficacité de l'exploitation du réseau routier et les conditions de travail. « Par le passé, des audits ont déjà montré que la RTM était en retard par rapport à d'autres réseaux de transport », rappelle Gilbert Chauvet, délégué syndical de la CGC, non gréviste.

L'autre audit vise à rebâtir le dialogue social. Pour les syndicats, les responsabilités dans le management doivent être clarifiées. La direction doit faire preuve d'un réel esprit de négociation et respecter toutes les obligations légales. « Globalement, il faut arrêter de considérer les syndicats comme des opposants, mais les envisager comme de véritables partenaires, estime Gilbert Chauvet. Il faut travailler ensemble, je crois que tout le monde l'a compris. »

Des syndicats attentistes

La CGT et la CFDT ne diront pas ce qu'elles en pensent. Les deux organisations syndicales ne s'expriment guère depuis la fin du conflit. Marc Girardot constate, d'ailleurs, que « les syndicats sont attentistes pour le moment ». Ce jour-là, le 7 décembre, le directeur avait réuni le CE pour la première fois depuis la sortie de grève. « La réunion a été exceptionnellement brève, aucune question n'a été posée ! » Reste à savoir comment vont se recomposer le paysage syndical et le rapport de forces. L'accord de sortie de conflit prévoit que les audits soient effectués «en liaison» avec le CE. Où la CGT détient la majorité.

Auteur

  • M.-P. V.