Au recensement de 1999, la catégorie professionnelle «employé» approchait les huit millions de personnes, soit près d'un million de plus que celle des ouvriers. Pour autant, cette catégorie est un peu floue. Elle s'oppose à deux autres : les «cadres», d'une part, et les «ouvriers», de l'autre.

Entre les emplois de service aux personnes, les emplois administratifs ou du commerce, les différences demeurent cependant importantes. Reste une constante : trois employés sur quatre sont des femmes, alors que la population ouvrière est, quant à elle, largement masculine.

Au flottement du terme «employé», correspond une question des sociologues : les employés font-ils partie des classes moyennes ou des classes populaires ? Le détour par le biais des situations familiales apporte quelques lumières. Schématiquement, une active sur deux est une employée, contre un homme actif sur huit. Les employées vivent donc majoritairement avec des hommes, qui sont non des employés mais des ouvriers, des agents de maîtrise, des techniciens, des cadres. Le concept d'employé se distribue donc sur des catégories sociales différentes.

En revanche, cette décomposition selon le prisme des alliances s'efface devant ce qui semble bien être un point commun de la condition féminine : la faible visibilité des employés sur le terrain des engagements politiques et syndicaux... Un minutieux travail de décryptage social dû à Alain Chenu, professeur de sociologie à Sciences Po, directeur de l'Observatoire sociologique du changement (CNRS et FNSP) et membre du Laboratoire de sociologie quantitative (Crest-Insee).