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Les Pratiques

Les crèches d'entreprise continuent de séduire

Les Pratiques | Point fort | publié le : 06.12.2005 | Fanny Guinochet

En 2003, Ségolène Royal, alors ministre déléguée à la Famille, annonçait une série de mesures à destination des salariés pour développer l'offre de garde d'enfants. Parmi elles, un soutien particulier à la création de crèches d'entreprise ou interentreprises. Une politique volontariste toujours d'actualité qui commence à porter ses fruits.

Jeudi 10 novembre 2005, Les Petits Chaperons Rouges, société pionnière dans la création et la gestion de crèches d'entreprise, présente sa petite dernière à Clichy-la-Garenne (92). Un établissement de 600 m2 destiné à accueillir une quarantaine de bambins de 0 à 4 ans. Leurs parents travaillent tout à côté, dans les sociétés partenaires comme Gaz de France, PSA Peugeot Citroën ou encore Gaselys. « Au pied des bureaux, cette crèche d'entreprise a valeur d'exemple. Elle s'inscrit dans une politique d'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes et constitue, sans conteste, un élément qui facilite l'équilibre entre vie professionnelle et vie familiale », insiste Catherine Vautrin, ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité, présente à l'inauguration.

Un plan «crèches»

C'est bien ce modèle, en effet, que le gouvernement entend développer. Dans sa déclaration de politique générale, en juin dernier, le Premier ministre s'engageait devant le Parlement à créer 15 000 places de crèche supplémentaires. Il rappelait aussi son objectif d'ici à 2008 : atteindre le chiffre de 72 000. Pour y parvenir, le gouvernement compte largement sur la création de crèches privées, et se situe, sur ce point, dans l'exact prolongement du Plan «Crèche», présenté lors de la Conférence de la famille de 2003, alors présidée par Ségolène Royal.

Pour soutenir la création de crèches d'entreprise et interentreprises, la ministre déléguée avait prévu, dans le cadre de la prestation accueil du jeune enfant, dite Paje, un partenariat avec les Caisses d'allocations familiales (CAF) et les collectivités locales, mais aussi la création d'un crédit impôt famille permettant une prise en charge fiscale de 60 % des sommes versées par les entreprises en faveur des familles. « Grâce à ce dispositif, les CAF peuvent, désormais, subventionner les entreprises de crèches. Concrètement, cela permet de réduire près de 70 % des dépenses d'investissement des entreprises et jusqu'à 75 % de leurs dépenses de fonctionnement », précise Jean-Emmanuel Rodocanachi, directeur général des Petits Chaperons Rouges.

6 euros par jour et par enfant

Sans ces mesures incitatives, la crèche de Clichy n'aurait sans doute jamais vu le jour : sur un investissement de 600 000 euros, la CAF des Hauts-de-Seine a, au total, subventionné à hauteur de 80 % l'ensemble de l'équipement. « Le prix d'une place pour les entreprises partenaires s'élève à 6 euros par jour et par enfant. Soit le prix d'un ticket restaurant », souligne Nicole Prud'homme, présidente de la Cnaf. « L'intérêt majeur de ce type de crèches, par rapport aux jardins d'éveil et autres haltes garderies privées, est qu'elles coûtent aux parents exactement le même prix journalier qu'une crèche municipale ou associative », précise Jean-Emmanuel Rodocanachi.

Cette dimension n'a pas échappé aux salariés de Gaz de France : « Avant de nous lancer, nous avons interrogé les salariés. Il est très vite apparu que cette solution correspondait à leurs attentes. La plupart des parents de la direction négoce et de la direction commerciale, à qui nous avons proposé le projet, ont inscrit leur enfant », confirme Jean-François Cirelli, président directeur général de Gaz de France. Et de se féliciter : « C'est un engagement citoyen qui permet à chacun de vivre plus sereinement sa carrière ».

Une façon de fidéliser

Preuve en est l'amplitude des horaires d'ouverture, de 8 heures à 20 heures, adaptée à la réalité de l'entreprise. Dans cet esprit, une salle d'allaitement est d'ailleurs réservée aux jeunes mamans désireuses de continuer à nourrir leur enfant tout en reprenant le travail. Autre facilité : sur les 60 places, un petit nombre est réservé à l'accueil des enfants jusqu'à 6 ans en cas de souci : « Une grève des enseignants, une maîtresse malade... et les parents ne savent pas comment faire garder les enfants. Au moins, ils ne seront plus obligés de poser une journée de congés pour s'occuper d'eux », explique Constanze Ragazu, la directrice de la crèche.

Jean-Luc Barbier, responsable du personnel de la section Paris 17 de PSA Peugeot Citroën, y voit surtout une façon efficace de réduire l'absentéisme. C'est, pour lui, un argument supplémentaire pour attirer les salariés : « Il s'agit d'une opportunité réelle d'offrir à nos salariés un service à valeur ajoutée. Une manière de les fidéliser et de les motiver, tout en développant l'image d'une entreprise socialement responsable. »

Aujourd'hui, les crèches d'entreprise représentent à peine 16 000 places. Mais, il y a fort à parier que, très vite, ce chiffre augmentera.

Auteur

  • Fanny Guinochet