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Les Anglais revoient leurs retraites

L'actualité | publié le : 06.12.2005 | Stéphanie Salti, à Londres

La Commission Turner a rendu sa copie, le 30 novembre, à Tony Blair, dans un contexte de faillite du système des fonds de pension. Elle propose le relèvement de l'âge de la retraite à 68 ans contre la création d'un plan national d'épargne-retraite.

Outre-Manche, le rapport Turner sur les retraites était attendu de pied ferme, alors que le système actuel, fondé essentiellement sur les fonds de pension des entreprises, est en faillite. Adair Turner, l'ancien patron des patrons britanniques, a donc rendu ses conclusions le 30 novembre. Il propose, notamment, de relever l'âge minimum de départ à la retraite à 66 ans à l'horizon 2030, à 67 ans en 2040 et à 68 ans après 2050. Une mesure nécessaire pour s'adapter à l'allongement de la durée de vie ainsi qu'au vieillissement de la population.

Une retraite décente

Actuellement, les hommes britanniques doivent travailler jusqu'à 65 ans et les femmes jusqu'à 60 ans pour toucher une indemnité publique de retraite, qui n'excède pas 160 euros par semaine. En contrepartie, l'Etat ferait preuve de plus de générosité : l'indemnité publique serait augmentée et indexée sur les salaires et non plus sur l'inflation.

L'autre grand volet de la réforme concerne la création d'un plan national d'épargne retraite (National Pension Savings Scheme) ou, plus familièrement Britsaver («l'épargnant britannique»), dont l'objectif est d'assurer à chaque salarié une retraite décente. Grande nouveauté pour les Britanniques, complètement étrangers à la notion de cotisations obligatoires en matière de retraite. Sur le principe, la cotisation annuelle, équivalant à 8 % du salaire annuel brut, serait partagée entre le salarié, qui en prendrait 4 % à sa charge, l'employeur (3 %), et l'Etat (1 %). Les salariés, automatiquement affiliés à ce plan, pourraient toutefois y renoncer s'ils cotisent déjà à un fonds d'entreprise ou à un plan d'épargne retraite individuel. Ce système ne serait pas en vigueur avant 2010.

Un rapport «audacieux»

Le rapport a été diversement accueilli. Sir Digby Jones, directeur général du CBI, la confédération de l'industrie britannique, a émis un avis favorable mais a souligné qu'il était trop contraignant pour les petites entreprises, tenues de contribuer aux cotisations. Brendan Barber, secrétaire général du TUC (Trade Union Congress) a décrit le rapport comme « audacieux », en restant sur la défensive : « Nous restons opposés à toute proposition visant à relever l'âge de la retraite, dans la mesure où cela conduirait à une régression de la situation des travailleurs manuels et des pauvres. » Il a cependant ajouté que la plupart des conclusions allaient dans le sens du progrès.

Reste à savoir si ces propositions seront appliquées. Le ministre du Travail et des Retraites, John Hutton, a signalé que la décision du gouvernement dépendrait du coût de la réforme. Selon le rapport, les dépenses publiques liées à ces mesures représenteraient entre 7,5 % et 8 % du PIB de la Grande-Bretagne d'ici à 2045, contre 6,2 % actuellement.

Auteur

  • Stéphanie Salti, à Londres