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Porteurs et voltigeurs

Demain | Chronique | publié le : 29.11.2005 | De P.-L. Chantereau

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Porteurs et voltigeurs

Crédit photo De P.-L. Chantereau

Spectacle merveilleux.

Sous un chapiteau demi-sphérique, une vingtaine de trapézistes réalisent un numéro de haute voltige, à la fois complexe et très esthétique. Allongées dans des sortes de fauteuils transats, plus de mille personnes s'émeuvent à chaque difficulté, tremblent pour les voltigeurs, s'inquiètent pour les porteurs, soulagent leur émotion en applaudissant, éblouis devant tant d'audace et de beauté, tant de minutie dans l'ordonnancement des numéros, tant de travail deviné derrière cette apparente facilité.

Pot d'après-spectacle, avec les artistes.

Un des porteurs commente les difficultés du programme, les risques des numéros, le rôle de chacun, le mode de préparation, les rigueurs de l'entraînement.

Ecoutons-le.

« Les gens appellent indifféremment trapéziste celui qui voltige et celui qui récupère. En fait, c'est le même spectacle, mais ce n'est pas le même métier. D'abord, ce n'est pas le même gabarit physique, ça, tout le monde le voit. Mais ce n'est pas le même entraînement non plus et, du coup, ce n'est pas la même mentalité. Les porteurs sont les vrais vedettes, aux yeux des voltigeurs. Et inversement. Chacun est indispensable au résultat final, certes. Mais d'abord, chacun est indispensable à l'autre. Et ils savent que le numéro repose donc d'abord sur la confiance réciproque et sur le respect mutuel de l'effort. C'est ça, en fait : respect empreint d'admiration, et confiance a priori. Sinon, on finit dans le filet de sécurité, et le spectacle est gâché. »

Approbation éblouie de nous tous, qui n'oserions même pas monter à mi-hauteur des mats d'où ils s'élancent dans le vide.

Retour au client (une autre forme de cirque, trop souvent...).

Débat autour des dysfonctionnements entre le service des devis et les commerciaux de ce fournisseur dans le second oeuvre du bâtiment, qui vend et pose des installations complexes.

En gros, il s'agit, comme trop souvent, de comprendre si les échecs commerciaux sont davantage imputables aux commerciaux « qui promettent tout et n'importe quoi » ou aux bureaux d'étude qui « plantent nos ventes en prenant tellement de précautions qu'on finit par sortir du marché ».

Quelqu'un suggère d'interchanger les acteurs pour mieux les faire travailler ensemble. On me demande mon avis. Je repense à mes trapézistes et à leur entraîneur.

« Ne faites pas cela. Ce sont des métiers différents, pas les mêmes gabarits, pas le même savoir-faire et, du coup, pas la même mentalité. Ne transformez pas des bons vendeurs en mauvais chiffreurs, et inversement. Rétablissez la confiance entre eux en les emmenant ensemble devant le client. A ce moment, ils verront en direct qu'ils sont indispensables l'un à l'autre, et qu'ils jouent dans la même partie. Et le spectateur, pardon, le client, applaudira. Et parce qu'ils auront travaillé ensemble, pris ensemble le même pari devant le même client, la confiance reviendra. »

Je le confirme : l'absence de confiance transforme les tâtonnements en échec.

Pierre-Loïc Chantereau <www.equation-management.com>

Auteur

  • De P.-L. Chantereau