logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les Pratiques

Marché des cerveaux en Pologne

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 22.11.2005 | François Gault, Varsovie

Le chômage endémique, un niveau de vie moins élevé qu'en Europe de l'Ouest et la présence de nombreux jeunes diplômés aiguisent les appétits des recruteurs internationaux. Des groupes allemands, anglo-saxons et scandinaves, notamment, viennent recruter sur place.

En Pologne, la «fuite des cerveaux» se développe et s'organise. A l'origine, le chômage : 19 millions d'actifs, 3 300 000 chômeurs, un jeune sur trois sans travail. Mais aussi, et surtout, perspective d'une vie meilleure permise par des salaires plus substantiels. Pour trouver un emploi après leurs études supérieures, les jeunes diplômés se tournent désormais en priorité vers l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Irlande, la Suède, le Danemark, l'Islande, l'Autriche, ou encore les Etats-Unis.

Hautement qualifiés

Loin de l'immigration pour travail saisonnier, les offres et les demandes les plus nombreuses concernent des emplois hautement qualifiés : informaticiens, architectes, médecins et anesthésistes, dentistes, infirmières, analystes financiers, inspecteurs d'assurance, ingénieurs... « Les gens qui partent sont les plus mobiles, presque les mieux formés, et ils ont, assez souvent, du travail en Pologne ! », indique le Département européen du ministère des Affaires étrangères.

En matière de recrutement, les sociétés étrangères ont structuré le marché, et innové. En huit mois, le secteur des cabinets de recrutement a explosé. Aujourd'hui, dans toute la Pologne, ils sont plus d'un millier. Les demandeurs disposent aussi de deux ou trois hebdomadaires spécialisés dans le travail à l'étranger. Mines d'informations ciblées, ces journaux présentent les législations du travail, les barèmes des salaires, les conditions de travail selon les pays, et des offres transmises par les agences de l'emploi polonaises...

L'Allemagne et la Grande-Bretagne ont même ouvert des bureaux de recrutement nationaux, sur place, dans la plupart des grandes villes du pays. Et, à Varsovie, cet automne, une Foire internationale du travail a réuni - DRH en tête - les sociétés étrangères d'une centaine de pays venues proposer des emplois aux jeunes diplômés... Aux contrats (souvent des CDI) qu'elles proposent, certaines ajoutent des formations linguistiques intensives et gratuites (y compris en Pologne, avant le départ), des formations professionnelles, les frais payés pour l'arrivée dans le pays, l'aide au logement et au déménagement de la famille, etc. Quant aux salaires, à Londres, un conducteur d'autobus polonais peut espérer 1 800 euros mensuels, et un informaticien haut de gamme, 2 700 euros.

Prêts à payer

Depuis un an, la demande monte en puissance : « Les employeurs étrangers sont prêts à payer de 500 à 2 500 euros par personne engagée, selon le niveau du salaire proposé ! », constate le directeur d'un cabinet de recrutement, à Varsovie. La faculté de sociologie de Varsovie a réalisé une enquête auprès des étudiants des grandes écoles en dernière année : 47 % d'entre eux projettent d'immigrer, dès leur diplôme en poche.

Auteur

  • François Gault, Varsovie