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Les Pratiques

La prime de performancea porté ses fruits

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 22.11.2005 | Patricia Sudolski

Depuis 2003, l'ANPE récompense ses cadres par une prime de performance. Leurs efforts, en un an, ont permis d'augmenter le nombre de prestations proposées aux demandeurs d'emploi, ainsi que celui des offres récoltées et des entreprises visitées.

Depuis 2003, 10 % de la rémunération des cadres de l'ANPE (Agence nationale pour l'emploi) dépend de l'atteinte d'objectifs. Aussi, pour décrocher la prime, les cadres ne ménagent pas leurs efforts. L'activité de l'ANPE, localement, s'est démultipliée. Entre 2003 et 2004, les prestations proposées aux demandeurs d'emploi ont augmenté de 12 %, les offres d'emploi récoltées de 6 %, les visites prospection en entreprise de 17 %... Et la direction a récompensé ce travail. Pourtant, à l'intérieur de l'Agence, des voix s'élèvent pour se plaindre de ne pas savoir où mène ce déploiement d'énergie.

Modernisation de la politique RH

Motiver financièrement ses cadres fait partie, pour l'ANPE, d'une stratégie d'ensemble. L'Agence doit devenir plus efficace dans la lutte contre le chômage. Toutes ses troupes sont impliquées. Ainsi, la part variable de la rémunération, appelée prime de performance, s'est négociée, en 2003, dans le cadre général de la réforme du statut du personnel de l'ANPE. Ce cadre a modernisé la politique des ressources humaines de l'Agence. Il a défini une nouvelle grille de classification avec des filières : conseil à l'emploi, appui et gestion, système d'information, management opérationnel. A l'intérieur, ou d'un métier à l'autre, l'évolution passe désormais par la validation des acquis professionnels. « Pour obtenir l'adhésion des personnels, explique Noël Daucé, secrétaire général du SNU-ANPE, la direction a mis 25 millions d'euros sur la table. » De l'huile dans les rouages. En sortant d'une logique où la compétence est réputée acquise par l'accès à un grade, le nouveau statut a posé les bases d'une gestion appuyée sur les qualités mises en oeuvre en situation professionnelle.

Responsabilité récompensée

Dans le dispositif, l'application de la prime de performance, déjà testée depuis 2001 auprès des directeurs délégués ou régionaux, a été étendue aux équipes de pilotage (directeurs d'agence et leurs adjoints, animateurs d'équipe). Soit environ 3 500 agents sur les 23 220 que compte l'ANPE. « Il s'agit, pour nous, de récompenser la responsabilité, détaille Hubert Peurichard, directeur général adjoint, chargé des ressources humaines. Le cadre est comptable non seulement de ses propres résultats mais des résultats d'une équipe. »

En début d'année, des objectifs sont fixés à chacun des cadres et, en fin d'année, la direction évalue s'ils ont été remplis. Ils sont variables : nombre d'offres d'emploi recueillies, nombre de visites d'entreprise effectuées, évolution du chiffre des chômeurs de longue durée, durée d'attente à l'accueil... L'idée est que chaque agence progresse sur ses points faibles. L'enjeu pour chacun est d'améliorer son salaire de base. « Un directeur d'agence touche une rémunération brute hors primes d'environ 2 916 euros par mois, précise Hubert Peurichard, un animateur d'équipe, 2 420 euros. »

Plus quantitative que qualitative

Evidemment, rétribuer différemment les uns et les autres suscite des grincements de dents. La CFE-CGC, signataire de l'accord 2003, représentant majoritaire des cadres, émet quelques réserves : « L'activité est enfin reconnue ; pour autant, nos salaires n'ont pas fait de gros bonds. »

FO, syndicat minoritaire et non signataire, est critique sur les modalités d'attribution de la prime. « Sur le terrain, assure un cadre FO, elles n'ont pas été comprises, car les critères pris en compte varient d'une région, d'une direction et d'une agence à l'autre. » FO déplore que la prise en compte du travail soit plus quantitative que qualitative. « On est amené à faire du chiffre, constate le syndicat, la réalité du service apporté n'est pas mesurée. Quoi de commun entre une visite dans une galerie commerciale où l'on dépose une carte chez chaque commerçant en disant : « Pensez à l'ANPE », et une visite d'entreprise où l'on négocie le placement de chômeurs de longue durée après des semaines de liens ? Or, aujourd'hui, un égale un. »

Ce qui aura vraiment valeur de test pour la prime de performance, ce sera évidemment la baisse du chiffre du chômage. Et, pour cela, l'ANPE donne rendez-vous en 2007.

Qui a gagné quoi ?

« Le montant moyen de la prime annuelle de performance versée aux directeurs d'agence a été de 3 160 euros en 2004 et de 3 175 euros en 2005, soit l'équivalent d'un 13e mois », explique Hubert Peurichard, directeur général adjoint de l'ANPE. 400 directeurs d'agence sur 780 ont touché ce 13e mois en 2004.

« L'impact est très fort pour les 1 500 animateurs d'équipe, certifie Noël Daucé, secrétaire général du SNU-ANPE. Avec la modification statutaire, ils ont été classés cadres. L'accès à l'ensemble des primes que touchent les cadres leur octroie 1 809 euros par an en plus, en moyenne. »

« Pour les cadres qui l'étaient déjà avant la réforme, détaille la CFE-CGC, la prime à la performance est assez équivalente aux anciennes primes qu'elle a remplacées, elle a eu pour effet de compenser la perte du pouvoir d'achat constatée dans la fonction publique depuis dix ans. »

Auteur

  • Patricia Sudolski