logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Demain

Sources de pouvoir

Demain | Chronique | publié le : 22.11.2005 | De meryem Le Saget

Image

Sources de pouvoir

Crédit photo De meryem Le Saget

Quand on parle de pouvoir, on évoque principalement le statut d'une personne, l'autorité hiérarchique ou institutionnelle, ou encore le pouvoir de décider. Mais il existe bien d'autres pouvoirs à l'oeuvre dans les organisations.

Contrôler une ressource rare - argent, matières premières, circuits de distribution, technologies pointues ou expertise particulière - donne un grand pouvoir à celui qui le détient. La rétention du savoir ou de l'information fait également partie de cette catégorie, l'individu décidant qui mérite ou non de partager les connaissances ou les informations qu'il possède.

Le pouvoir de changer les règles a, lui aussi, un retentissement majeur. Celui qui peut modifier un organigramme, redessiner les périmètres de responsabilités, revoir un système d'évaluation ou changer les règles du jeu au cours d'une réunion, s'octroie, de fait, un pouvoir colossal. Contrôler un processus clé donne également de l'emprise sur les autres : de l'ingénieur de production qui résout tous les problèmes au responsable de la paie, la bonne marche de l'entreprise dépend d'eux. Le pouvoir d'influencer les décisions est plus discret, mais néanmoins puissant. Il revient, le plus souvent, aux éminences grises, conseillers de l'ombre ou proches du dirigeant. Il se doit de passer inaperçu, afin de garder une certaine liberté de manoeuvre. S'ajoute à ce panorama le pouvoir de contrôle des frontières : le commercial qui peut seul raconter ce que veut le client ; le manager revenant d'un voyage à l'étranger et relayant les exigences de l'état-major international ; la personne qui possède le bon réseau permettant d'accéder aux décideurs... Tous ceux-là jouent des rôles déterminants, à l'interface entre un univers et un autre.

Bien sûr, le tableau ne serait pas complet sans citer les contre-pouvoirs : le contrôle d'une organisation syndicale, d'un lobby, d'un courant d'idées novateur ou contestataire, d'un canal d'expression indépendant... Le pouvoir aussi d'enrayer le système, de dire non, d'enliser une initiative, jusqu'au formidable pouvoir de l'inertie.

Malgré leur opposition, pouvoirs et contre-pouvoirs oeuvrent dans le même camp : celui de la compétition et de la confrontation. Il est temps d'explorer d'autres logiques, tout aussi puissantes, fonctionnant sur le registre de l'ouverture et de la coopération. Citons, par exemple, le pouvoir de l'authenticité et de la vérité, capable de déplacer des montagnes ; le pouvoir de fédérer les personnes autour d'un projet commun, de leur faire partager un sens reposant sur des valeurs ; le pouvoir d'apaiser, de calmer les esprits, de transmettre de l'enthousiasme, de guérir. Le pouvoir personnel que donne le fait de bien se connaître et de savoir gérer ses émotions pour éviter de faire payer aux autres le prix de ses contrariétés ; enfin, le pouvoir de faire grandir les autres, de les amener à croire en eux et à devenir plus compétents.

L'art du leadership n'est pas de jouer au plus fort mais de permettre aux personnes de prendre leur essor, afin qu'elles assument, à leur tour, tout leur pouvoir.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <lesagetconseil@wanadoo.fr>

Auteur

  • De meryem Le Saget