Chaque année, 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans formation et sans emploi. La formation continue, pour sa part, profite aux salariés les plus qualifiés et, en priorité, à ceux des grandes entreprises. La formation proposée aux jeunes non qualifiés est devenue un simple outil de traitement social du chômage qui s'inscrit, bien souvent, dans une démarche d'assistance. Quant à la formation professionnelle dans l'entreprise, elle est devenue un produit du marché comme un autre, et la tendance aux formations de courte durée pour l'adaptation aux postes de travail ne semble pas à même de garantir l'avenir professionnel du travailleur en cas de licenciement.

Les valeurs humanistes qui ont inspiré les lois sur la formation professionnelle semblent donc mises à mal. Cependant, la formation est l'une des clés de survie de notre économie à l'heure de la mondialisation. La nouvelle loi de 2004 sur la formation tout au long de la vie pourra-t-elle aider à sortir des impasses actuelles ? Dominique Alunni, notamment vice-président de l'Institut national de formation d'adultes (Infa), dresse l'état des lieux de la formation professionnelle en France, en ce début de XXIe siècle, pour tenter de proposer des remèdes au marasme actuel. Pour lui, les dérives de la formation aujourd'hui ne sont pas fatales, pour peu qu'un nouveau mode de régulation national, voire européen, soit mis en place.

Dominique Alunni est le fondateur du groupe de formation professionnelle Infac-Infath-Crear, aujourd'hui conseiller auprès du Conseil national du tourisme et vice-président de l'Institut national de formation d'adultes (Infa).