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Les Pratiques

Une méthode qui donne sa chance à chaque candidat

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 08.11.2005 | Sylvie KARSENTY

Contrairement au recrutement sur seul CV, celui par simulation favorise la mobilité entre secteurs et donne sa chance à chaque candidat. De plus en plus d'entreprises adoptent cette méthode créée en 1995 et proposée par l'ANPE.

C'est un directeur départemental de l'ANPE, Georges Lemoine, qui a inventé la méthode en 1995. Un constructeur automobile souhaitait recruter, en Poitou-Charentes, 1 400 ouvriers, titulaires de CAP ou de bac pro en mécanique. L'ANPE n'en comptait évidemment pas autant dans ses fichiers. Georges Lemoine réussit à convaincre l'entreprise que pour tenir ces postes, les diplômes n'étaient pas indispensables. Certaines habiletés l'étaient, en revanche, comme la capacité à respecter des normes et des consignes ou la capacité à travailler sous tension. Il a mis au point des exercices recréant par analogie les conditions des postes à pourvoir. « Ces exercices permettent d'observer et d'évaluer la façon dont les candidats abordent et résolvent les difficultés du poste », explique Françoise Mourier, responsable de la mission recrutement par simulation à la direction générale de l'ANPE. La méthode était née et les postes pourvus.

Création d'une mission de recrutement

En 2001, l'ANPE créait une mission recrutement par simulation qui emploie, aujourd'hui, une quinzaine de personnes. Deux centres de création d'exercices en dépendent, l'un à Noisyle-Grand (93), l'autre à Niort (79). Les exercices sont, en effet, adaptés à chaque entreprise. Cette méthode fait partie, dorénavant, de la palette de services proposée - gratuitement - par toutes les agences de France. « La méthode présente plusieurs avantages, estime Françoise Mourier. Elle permet de réaliser des volumes de recrutement importants et de pallier les difficultés de certains secteurs, de diversifier les profils et de lutter contre les discriminations. Elle offre aussi l'avantage d'être transparente. » Deux tiers des candidats embauchés par simulation proviennent d'autres secteurs ou d'autres métiers.

Les entreprises ne s'y trompent pas et sont de plus en plus nombreuses à l'adopter. Des exercices spécifiques sont alors créés pour elles, puis étalonnés sur leurs salariés. Les candidats qui seront présentés auront ainsi les mêmes habiletés que les salariés en place. Les entreprises s'engagent à ne pas sursélectionner et à limiter la procédure de recrutement à un entretien, accessible à tous ceux qui ont réussi l'exercice de simulation. Deux tiers des candidats présentés par l'ANPE sont ainsi recrutés.

Prépondérance des habiletés

Aujourd'hui, 40 000 embauches ont été réalisées par cette méthode, dont 10 000 en 2004. Première utilisatrice, l'industrie a été suivie par les centres d'appels, le bâtiment, la distribution, l'hôtellerie-restauration, les transports, l'agriculture et même les hôpitaux. Cet outil n'est pas l'apanage des grandes entreprises, les PME l'utilisent aussi. « La méthode concerne tous les postes dans lesquels le poids des habiletés est prépondérant par rapport aux compétences techniques, précise Françoise Mourier. Elle est surtout utilisée pour recruter des ouvriers et des employés, mais aussi des chefs de rayon, des agents de maîtrise et des chefs d'équipe. Il est envisageable de l'appliquer aux cadres, mais cela ne figure pas au programme de l'ANPE. »

Des exercices sur mesure

Sur les conseils de l'agence, le Parc Astérix, qui doit recruter, chaque année, 600 saisonniers, a adopté la méthode en 2004. Des exercices ont alors été conçus par l'équipe de l'ANPE, en étroite collaboration avec le service recrutement du parc. L'un d'eux concerne les postes de vendeur en boutique, de vendeur en restauration et d'opérateur d'attraction. Il évalue quatre habiletés : comprendre et respecter des consignes ; accueillir du public ; rendre la monnaie ; encadrer une équipe. « Ces exercices sont réalisés sur mesure pour l'entreprise et pour les postes concernés, apprécie Odile Ulrich, la DRH. C'est une méthode plus fine et plus discriminante que le CV. Une personne qui a les aptitudes à devenir un bon opérateur d'attraction ne sait pas nécessairement rédiger un bon CV. Le recrutement par simulation a aussi le mérite d'attirer des personnes qui n'auraient jamais pensé travailler dans un parc d'attractions. Enfin, et nous ne nous attendions pas à cet effet, elle donne aux candidats une très bonne vision du poste de travail. Ils s'adaptent plus vite à leur emploi et sont plus fidèles à l'entreprise. »

Les plates-formes de vocation

Aujourd'hui, le recrutement par simulation connaît un nouveau développement avec les plates-formes de vocation. Instituées par le plan national de cohésion sociale, celles-ci ont pour objectif de favoriser l'insertion des jeunes sur les métiers en tension et les secteurs porteurs d'un bassin d'emploi. Elles leur permettent de se déterminer par rapport à des métiers, d'évaluer leurs habiletés et de se positionner sur les offres d'emploi correspondantes.

Vingt-cinq plates-formes sont d'ores et déjà ouvertes. L'objectif a été fixé à 60 d'ici à la fin 2005 et à 100 d'ici à la fin 2006.

Les métiers ciblés sur la plate-forme de vocation du Rhône : agent de propreté ; agent de sécurité ; aide du bâtiment ; aide à domicile ; employé de libre-service ; employé commercial ; employé polyvalent de restauration ; hôte de caisse ; magasinier-préparateur de commande ; serveur ; téléconseiller.

Auteur

  • Sylvie KARSENTY