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Enquête

« Les nouvelles générations refusent la langue de bois »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 08.11.2005 | L. G.

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« Les nouvelles générations refusent la langue de bois »

Crédit photo L. G.

E & C : Dans quel environnement évolue la communication interne aujourd'hui ?

T. G. : Les entreprises deviennent de plus en plus complexes et mondialisées, transverses et matricielles. Pour les salariés, ce n'est pas simple à comprendre. La financiarisation de l'entreprise se traduit par un discours interne de plus en plus fort sur la rentabilité, et par une réduction des horizons de gestion : ce n'est plus sur l'année mais sur le trimestre que s'expriment les résultats et les perspectives.

Autre transformation : la fin du modèle communautaire. D'une part, le contrat tacite de l'engagement loyal contre une carrière à vie a vécu. D'autre part, des acteurs qui étaient dehors hier sont dedans aujourd'hui : fournisseurs, partenaires, distributeurs, voire clients... Les entreprises s'élargissent et s'ouvrent sur l'extérieur. Elles sont aussi plus exposées. Sur les thèmes du développement durable, de la sécurité, des pratiques sociales..., la société leur demande désormais des comptes. Leurs salariés aussi.

Les nouvelles générations ont un autre rapport à l'entreprise. Ce sont les enfants de générations qui se sont senties trahies par l'entreprise. Ils refusent la langue de bois. Leur contestation est plus diffuse mais non moins réelle. La pénurie de talents à venir va les rendre très exigeants, notamment en matière d'accomplissement au travail, de possibilité de carrière, d'équilibre vie privé/vie professionnelle, mais aussi d'éthique et de responsabilité sociétale de l'entreprise. Vis-à-vis de la CI aussi, ils sont très exigeants.

E & C : Cet environnement renouvelle-t-il les défis de la CI ?

T. G. : Oui. Redonner du sens, d'abord. Pas simple lorsque l'entreprise n'a pas vraiment de projet stratégique ou lorsque celui-ci est trop «court-termiste». La communication interne doit interpeller les dirigeants pour les aider à formuler un projet compréhensible. C'est souvent très difficile. La CI doit aussi relever le défi de l'adhésion des nouvelles générations.

Or, on ne vise plus «l'appartenance» comme auparavant. Le discours sur les valeurs est très fort, surtout en l'absence de projet, mais avec quelle réalité ? Les jeunes attendent un discours de la rationalité mais aussi celui - et surtout des preuves - sur l'engagement sociétal de l'entreprise. Ils vont la pousser à se positionner sur ces sujets.

Le dernier grand défi pour la communication interne, c'est de contribuer à faire travailler ensemble des salariés moins fidèles et plus centrés sur leurs enjeux individuels.

Auteur

  • L. G.