Eviter toute altération de la santé des salariés du fait de leur travail est un droit dont l'acception a évolué dans le temps. D'abord a prévalu l'idée qu'il fallait, par des conditions d'hygiène et de sécurité sur le lieu de travail, préserver le capital humain, et les dispositions prises étaient de l'ordre de la prévention pour éviter que l'exercice d'une profession soit source de maladie ou d'accident. La logique étant celle de l'indemnisation du salarié perçu comme ayant subi un préjudice en cas de maladie ou d'accident professionnel, mais non celle du maintien dans l'emploi.

A cette analyse relativement simple de la relation travail-santé s'est superposée une vision plus complexe qui porte le regard sur la personne même du salarié. Au-delà de l'indemnisation, il s'agit de faire en sorte que celui-ci reste physiquement et mentalement apte à son poste de travail. L'effort de l'entreprise devra donc aller au-delà de la réglementation en matière d'hygiène et de sécurité pour créer les conditions de bien-être permettant au travailleur de conserver cette aptitude.

S'il s'agit, bien sûr, de deux démarches complémentaires, la santé au travail doit être évaluée a priori et le salarié est protégé contre le risque de la perte d'emploi puisque l'employeur (sous certaines conditions) doit maintenir son contrat de travail en cas de maladie ou d'accident du travail. Sylvie Bourgeot et Michel Blatman, tous deux juristes, analysent en détail le sens et les modalités de cette petite révolution dans la gestion des hommes. P. R.