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Les Pratiques

La SNCF a amélioré son «service prévisible»

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 25.10.2005 | E. F.

La journée du 4 octobre dernier a permis de constater une amélioration des prévisions de trafic SNCF en Ile-de-France, résultat d'un accord sur le dialogue social datant d'octobre 2004.

La journée de grève du 4 octobre dernier était, pour la SNCF, l'occasion de tester le récent contrat, signé, le 17 juin 2005, avec le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), l'autorité organisatrice du transport, prévoyant un niveau minimum de trafic. Celui-ci dispose qu'en deçà d'un seuil fixé à 33 % de trains circulant en Ile-de-France, la SNCF s'expose à des amendes. Le 4 octobre, 35 % des trains ont circulé en Ile-de-France, en moyenne.

Capacité de mobilisation

Les partisans de la manière forte pour obtenir un service «minimum» ou «garanti » y ont vu un argument en leur faveur. Sans doute un peu rapidement, car le nombre de trains en circulation n'a rien à voir avec le contrat en question. C'est bien le taux de grévistes, et donc la capacité de mobilisation des syndicats, qui, sauf à restreindre le droit de grève, détermine le niveau de circulation des trains. Or, les syndicats ne se sentent aucunement tenus par le contrat qui lie la SNCF au Stif. « Il ne concerne que l'entreprise », déclare Thierry Roy, secrétaire fédéral de la CGT cheminots, syndicat majoritaire. De fait, la signature de ce contrat n'a pas eu d'impact sur le nombre de grévistes.

La mobilisation du 4 octobre (32,3 % de grévistes selon la direction) était supérieure à la dernière mobilisation nationale avant le contrat avec le Stif, le 10 mars 2005 (35 heures, emploi, salaires), qui avait mobilisé 29,7 % des cheminots. De plus, le 4 octobre dernier, sur certaines lignes, comme à la gare du Nord ou sur la ligne B du RER, « où les grévistes étaient plus nombreux », selon Thierry Roy, le taux de circulation des trains était respectivement de 25 % et 23 %, donc en dessous du seuil fixé avec le Stif. En conséquence, la SNCF paiera, pour la journée du 4 octobre, un malus de 200 000 euros. Pour Thierry Roy, « c'est mentir aux usagers que de leur faire croire qu'ils bénéficieront à chaque fois de ce niveau de trafic : si le nombre de grévistes est élevé, le niveau de trafic baissera ». Olivier Marty, responsable de l'Observatoire social de la SNCF, en convient volontiers : le contrat avec le Stif n'a d'incidence que sur «la motivation» de la SNCF à assurer un service de qualité aux usagers en période de grève.

Optimisation des RH

Le 4 octobre, la direction de la SNCF a actionné deux leviers pour améliorer cette qualité : l'optimisation des ressources humaines disponibles, et la prévision du trafic. Selon Olivier Marty, une meilleure utilisation des effectifs explique qu'avec une mobilisation, le 4 octobre, plus importante que celle du 10 mars, la SNCF obtienne un trafic pourtant supérieur : 35 % contre 33,3 %. L'autre point sur lequel la SNCF a progressé est la prévision du trafic. A ce titre, le Stif a crédité le transporteur public d'un bonus de 85 000 euros pour la qualité de l'information fournie aux voyageurs et le respect du plan de circulation de cette dernière journée de grève. En fait, plus qu'un «service garanti», le Stif récompense, avec cette somme, un «service prévisible», apparu dans un accord datant du 28 octobre 2004 « relatif à l'amélioration du dialogue social et à la prévention des conflits », signé par six organisations syndicales, dont la CGT.

Plan de transport

S'il existe une raison à l'amélioration de la qualité du service de la SNCF le 4 octobre dernier, elle se trouve dans cet accord. Il comporte une disposition de nature à faciliter le calcul des ressources disponibles. Un paragraphe, intitulé «améliorer la prévisibilité du trafic en cas de grève» indique, en effet, que la direction remet un plan de transport aux organisations syndicales qui pourront, « si elles le souhaitent, exprimer leur avis ».

Mais l'évaluation de l'efficacité de ce paragraphe, pour la journée du 4 octobre, reste malaisée, tant les signataires prennent des pincettes dès lors qu'on aborde les parages du service minimum. Du bout des lèvres, Olivier Marty convient qu'il a « aidé au respect des engagements du transporteur ». De son côté, Thierry Roy insiste : « Nous n'avons pas signé ce paragraphe, car cela serait mettre le doigt dans l'engrenage du service minimum. La prévisibilité du trafic est l'affaire de la direction. » Reste que celle-ci remet bien ce fameux plan de circulation aux organisations syndicales, mais « officiellement, elles ne nous donnent aucun retour », explique Olivier Marty. A la SNCF, le dialogue social avance masqué.

Vers une reprise de la négociation de branche ?

L'Union des transports publics (UTP), représentant les entreprises de transport public, s'est déclarée prête, le 17 octobre, à rouvrir des négociations nationales et locales sur la «prévention des conflits et la prévisibilité» du trafic en cas de grève, six mois après un premier échec. Elle propose, au niveau national, la négociation d'un accord cadre, et, localement, la négociation d'accords d'entreprise. La CFTC des transports a déjà fait savoir qu'elle refuserait de « cautionner un service garanti », à l'image de celui mis en place en Ile-de-France entre la SNCF et la RATP d'un côté, et la Stif de l'autre.

Auteur

  • E. F.