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Les Pratiques

La bataille pour l'emploi n'a pas encore produit d'effets

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 18.10.2005 | Benoît Vochelet

Il y a dix-huit mois, les régions de gauche se lançaient dans «la bataille pour l'emploi», en installant les emplois-tremplins. Une réponse politique au gouvernement qui avait stoppé le soutien aux emplois-jeunes.

Institué par les régions de gauche après les élections de mars 2004, le dispositif emplois-tremplins se veut ambitieux. Il s'agit de pérenniser 100 000 créations d'emploi d'ici à 2010. Cette politique de contrats aidés soutient les associations dans le recrutement de CDI à temps plein. Sur une durée variable, de trois à six ans, la région finance (jusqu'à 90 % d'un Smic chargé) des postes qui répondent à « des besoins émergents ou d'utilité sociale ». Incitatif, le dispositif tarde cependant à décoller.

En Rhône-Alpes, 5 000 emplois-tremplins étaient annoncés en début de mandature, seules 160 conventions ont été signées à ce jour. « Je ne sais pas si nous parviendrons à l'objectif, confie Christiane Demontes, vice-présidente de région. Nous avons lancé les emplois-tremplins avant que l'Etat ne revienne à une politique d'emplois aidés. » Et les contrats aidés du plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo « intéressent parfois davantage les associations ».

Incursion vers le secteur marchand

Le champ des activités éligibles au dispositif est vaste. Avec le recul de quelques mois de fonctionnement, il apparaît que les secteurs d'activité les plus demandeurs sont le sport, la culture, l'environnement, l'animation territoriale et l'économie solidaire. Cependant, le cadre fixé initialement se fissure un peu. Poitou-Charentes, parallèlement aux 148 emplois-tremplins, a, par exemple, modifié son dispositif initial en signant avec l'Etat une convention instituant le CAE (contrat d'accompagnement à l'emploi), labellisé «tremplin». En Basse-Normandie, un pas a été fait en direction du secteur marchand. « Nous allons évoquer la possibilité de soutenir le démarrage de société, notamment les SCIC », explique Corinne Ferret, vice-présidente du conseil régional. Une incursion vers le secteur marchand qui n'étonne guère Bernard Gomel, chargé de recherche au CNRS : « La barrière entre secteurs marchand et non marchand est artificielle. Elle a été créée de toutes pièces. Il n'est pas étonnant de la voir se craqueler. »

Le public bénéficiaire est identifié : des jeunes de moins de 26 ans, sans emploi depuis plus de trois mois. Le critère de l'expérience professionnelle n'est pas déterminant. Dans quelques dispositifs, une place est faite aux chômeurs de longue durée ou âgés de plus de 45 ans. Les bénéficiaires potentiels sont donc nombreux.

En Ile-de-France, Jean-Paul Huchon annonçait la création de 10 000 emplois-tremplins d'ici à 2010, dont 1 000 dès 2005. Or, à ce jour, 990 dossiers ont été enregistrés ; 340 postes ont été votés, mais seuls 78 recrutements sont effectifs. En Bourgogne, la prévision de 400 emplois pour 2005 « ne sera pas atteinte, du fait d'un démarrage lent des négociations avec les départements », précise Gérard Speranza, directeur de l'apprentissage. A ce jour, 103 aides ont été votées.

En région Paca, « 115 conventions emplois-tremplins, intégrées dans un plan régional pour l'emploi, ont été signées », comptabilise Philippe Chesneau, vice-président. La Haute-Normandie, quant à elle, revendique, pour réaliser un objectif de 1 000 emplois sur la mandature, une coopération avec l'Eure et la Seine-Maritime. « Ce dispositif, confie Alain Le Vern, président de région, permet un cofinancement, en laissant à la région l'aspect formation des postes. » Cent cinquante conventions ont été signées. En Franche-Comté, 177 postes ont été accordés et 70 sont en cours d'instruction. De son côté, la région Pays de la Loire est en retard. Elle devait présenter son dispositif le 17 octobre. Sur le front des réfractaires, les régions Nord-Pas-de-Calais, Lorraine et Languedoc-Roussillon n'ont pas adopté le dispositif. Quant à la Bretagne, elle a opté pour un dispositif personnalisé d'aides à la création d'emplois associatifs d'intérêt régional.

Sauver le monde associatif

En Picardie, la philosophie du dispositif est autre. Il s'agit davantage de sauver le monde associatif que de lutter contre le chômage. « Nous sommes persuadés du rôle irremplaçable du monde associatif pour construire du lien social et permettre un exercice effectif de la citoyenneté », analyse Laurence Rossignol, vice-présidente du conseil régional. Actuellement, la région comptabilise 400 emplois-tremplins. Même démarche en Midi-Pyrénées. Le projet vise, selon le vice-président Jean-Claude Traval, « à sauver le monde associatif avec un principe de mutualisation des emplois ». Ainsi, les 37 premiers emplois sont portés par 250 associations.

Financement

Rhône-Alpes finance chaque poste à hauteur de 30 000 euros sur quatre ans avec un maximum de 1 500 euros consacrés à la formation.

En Basse-Normandie, l'aide varie de 33 000 à 48 000 euros sur quatre ans avec un maximum de 3 200 euros de formation et 2 000 euros de soutien à l'investissement.

Midi-Pyrénées budgétise entre 44 000 et 60 000 euros chaque poste sur quatre ans.

En Ile-de-France, le soutien est de 78 000 euros sur six ans avec 1 500 euros de formation.

Auteur

  • Benoît Vochelet