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Le correspondant santé peine à s'installer

L'actualité | publié le : 18.10.2005 | Jean-François Rio

Deux accords d'entreprise signés. C'est le maigre bilan du dispositif «correspondant santé». Une première évaluation, présentée le 10 octobre dernier, par l'association Aides, tente d'en cerner les raisons.

Innovant et séduisant sur le papier, le dispositif du correspondant santé en entreprise peine à décoller. C'est ce qui ressort d'une préétude présentée le 10 octobre par Aides, dans le cadre du colloque «Pathologies chroniques évolutives et maintien dans l'emploi». Ce dispositif est apparu en 2002 à l'initiative des associations Aides, Jeunes solidarité cancer et Vaincre la mucoviscidose, et bénéficie du soutien actif de la fédération des services CFDT et de Cinergie (association de médecins du travail agissant contre l'exclusion professionnelle des personnes handicapées).

Un «facilitateur»

Le principe de mettre à la disposition des salariés souffrant de pathologies graves une personne capable de les aider à concilier maladie et travail et de faciliter leurs démarches auprès des acteurs de l'entreprise (médecin du travail, DRH, assistante sociale) avait pourtant de quoi nourrir la réflexion des employeurs et des partenaires sociaux. D'autant que la désignation d'un correspondant santé passe par la négociation, le texte se greffant à un accord d'entreprise plus global sur le handicap. Seules deux entreprises ont, à ce jour, conclu ce type d'avenant : Eliance Autoroutes, après une valse hésitation de sa maison mère, le groupe Elior, et Reed Expositions.

Si des négociations sont actuellement en cours, notamment au sein d'une grande enseigne de la distribution et chez un assureur, elles achoppent généralement sur des prérogatives individuelles, chaque partie défendant bec et ongles son pré carré. Ainsi, dans certaines entreprises, le médecin du travail perçoit dans le correspondant santé l'arrivée d'un concurrent. Les syndicats - le correspondant santé n'est pas forcément issu des représentants du personnel - ne comprennent pas non plus l'intérêt de cette fonction qui « empiète sur le terrain des CHSCT ». « Dans notre esprit, le correspondant santé est, au contraire, un facilitateur, une personne en permanence à l'écoute du malade, chose que le médecin du travail ne peut matériellement pas faire », explique Sandie Sempé, coordonnatrice du programme «pathologies chroniques évolutives et milieu de travail» chez Aides.

Déficit d'informations

« Côté employeur, à moins d'avoir un dirigeant personnellement sensibilisé à ces maladies, il y a manifestement un manque de courage dû, en partie, à un déficit d'informations », souligne, de son côté, Michel Favier, chargé de la santé au travail à la fédération des services CFDT. Dans l'étude présentée par Aides, d'autres freins apparaissent. Parmi eux : un argumentaire mal maîtrisé par les militants CFDT, la faiblesse de la formation des délégués syndicaux sur le sujet des pathologies chroniques évolutives et le peu de sensibilisation des entreprises aux problématiques de santé en général.

Auteur

  • Jean-François Rio