Trente mille idées par an . C'est le score de la Sovab, filiale à 100 % de Renault, située dans la région de Metz. Avec 500 véhicules construits chaque jour (des utilitaires type Master) et 1 700 personnes embauchées en cinq ans (sur un total de 3 100 salariés), la Sovab est un des fleurons du groupe Renault pour la construction de fourgons. Ces bons résultats s'expliquent, en partie, par la politique, déjà ancienne, d'innovation participative. « Elle a été mise en place dès 1995. C'est un moyen de reconnaissance des capacités de créativité du personnel et une source d'économies importantes pour l'entreprise », indique Antoine Heron, président de l'association Innov'acteurs et ancien responsable du service Initiative et créativité de Renault.

Des exemples de suggestions ? La suppression de deux pièces d'insonorisation sur l'armature du véhicule car elles faisaient doublon avec d'autres pièces. Bilan : un gain de temps au montage, une référence de moins à gérer avec les fournisseurs et une économie de 137 000 euros par an. Autre exemple : la gestion des feuilles de paie entièrement informatisée pour éviter les impressions à répétition et alléger le travail d'archivage. « Nous avons dû acheter un nouveau logiciel, mais l'investissement sera amorti sur une année », assure une responsable de la paye.

Les innovations peuvent aussi porter sur les gestes au montage : pour améliorer la fixation d'un tuyau de climatisation, un chef d'équipe a proposé d'installer un poste de travail à côté de la chaîne de montage pour que les nouveaux opérateurs puissent s'entraîner.

L'encadrement a appris à promouvoir ce type d'initiative et à le gérer. Un tableau de bord permet de suivre le nombre de suggestions par personne et par an (11,72 en 2004), et les économies réalisées. « Nous distinguons les idées dites simples, applicables immédiatement, et les innovations analytiques qui supposent l'intervention du bureau d'études pour évaluer leur faisabilité », souligne Jean-Luc Gérard, directeur du progrès et de la communication de l'usine.

Enfin, reconnaissance et récompense sont indispensables. « Toutes les semaines, je vais sur le terrain prendre connaissance des nouvelles idées appliquées et, tous les deux mois, le directeur de l'usine réunit les opérateurs pour présenter les meilleures suggestions et remettre un diplôme à leurs auteurs », poursuit Jean-Luc Gérard. Les récompenses financières sont attribuées soit par le chef de département, soit par le directeur d'établissement, suivant des barèmes établis en accord avec les syndicats et redéfinis chaque année au sein d'une commission paritaire. Les primes peuvent aller jusqu'à 4 500 euros.

MARIE BELLAN