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Reconnaître les compétences de l'engagement

Enquête | publié le : 04.10.2005 | C. L.

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Reconnaître les compétences de l'engagement

Crédit photo C. L.

Parce que les jeunes militants veulent vivre leur engagement sur une durée déterminée, diverses réflexions et expérimentations sont proposées pour que militance et carrière professionnelle se complètent.

Les militants d'aujourd'hui n'ont pas les mêmes aspirations que ceux d'hier. Ils sont prêts à s'engager, mais pas à vie. « Le militantisme sacerdoce est fini, note Michel Durier, directeur des études d'Entreprise et Progrès. L'engagement se vit, désormais, à durée déterminée, autour de cinq à sept ans, sous condition d'un retour à une vie professionnelle normale. » C'est à ce prix que les organisations syndicales parviendront à attirer à elles de jeunes militants et à lutter contre leur vieillissement. Mais ce «reclassement» suppose, à la fois, maintien, voire évolution des compétences professionnelles, et reconnaissance des compétences acquises en cours de mandat ou d'activité syndicale.

Contrat d'engagement social

Les syndicats en ont conscience. Et, ici et là, des pistes de réflexion se font jour. « Nous militons pour un contrat d'engagement social qui impliquerait l'entreprise, le salarié et le syndicat, souligne Bernard Valette, secrétaire national CFE-CGC. Ce serait offrir au permanent un statut temporaire qu'il abandonnerait, ensuite, pour retrouver sa place dans l'entreprise. Le mandat serait alors appréhendé comme une étape dans une carrière professionnelle. Aujourd'hui, nous négocions en ce sens dans les accords de droit syndicaux. »

Le syndicalisme est-il un métier ?

La CGT avance également sur le sujet. Pour preuve, elle organise, début novembre, une rencontre avec une trentaine de DRH, une dizaine d'universitaires et autant de représentants de ses principales fédérations pour échanger sur les parcours syndicaux dans la vie professionnelle.

« La question est de savoir si le syndicalisme est un métier. Nous sommes nombreux à penser que non, explique Luc Dareau, chargé de la politique des cadres confédéraux à la CGT. Pour autant, cela n'exclut pas la professionnalisation de ses membres. Il est de notre responsabilité de former les militants pour le développement de leurs compétences qui, certes, seront mises au service de l'organisation mais qui leur seront, ensuite, utiles dans leur carrière professionnelle. Aux entreprises d'être parties prenantes dans cette gestion de carrière. » Car, en effet, pour que le transfert opère, « cela suppose de bonnes pratiques du côté patronal. Force est de constater que de nombreux DRH commencent à s'interroger », soulève Hubert Landier, directeur de La Lettre du management social. Pour l'heure, la CGT souhaite étendre le débat et faire participer les autres organisations syndicales.

Validation des acquis

En attendant, quelques initiatives très concrètes commencent à se faire connaître. Parmi elles, la création par des représentants du personnel et des représentants de la fonction RH, menés par Gérard Taponat, directeur des relations sociales de Kraft Foods, de l'Association pour la validation des acquis de l'expérience sociale (Avaes).

« Comme son nom l'indique, Avaes a pour but de faire la promotion des démarches de validation des acquis de l'expérience sociale dans l'exercice des différents mandats des instances représentatives du personnel, et ce, à la manière d'une boîte à outils, décrit ce dernier. Nous souhaitons, à la fois, aider à la reconnaissance de l'exercice et de l'expérience de l'animation des instances sociales en entreprise en les inscrivant dans des démarches contractuelles dans les entreprises ; promouvoir une expérience des formations technique, économique et internationale des acteurs sociaux dans l'entreprise ; assurer la transmission et le lien des éléments du dialogue social dans celles-ci, en y associant le développement de ses acteurs et, enfin, aider entreprises, organisations syndicales, institutions publiques et privées, dans cette mise en place de la VAE, par la publication de documents, de fiches techniques et de démarches d'information. »

Accompagnement

Autre action dans le domaine, celle menée, cette année, par le Credes (Centre de ressources des comités d'entreprise ou assimilés du Poitou-Charentes), en collaboration avec le Cnam Poitou-Charentes et financée par l'Etat, la région et le Fonds social européen. « Il s'agit d'une expérimentation qui nous a conduits à accompagner une dizaine d'élus ayant des responsabilités diverses - CE, CHSCT, prud'hommes... Le propos a été, tout d'abord, d'identifier les compétences acquises dans le cadre de leurs mandats, d'étudier leurs aspirations professionnelles et de formaliser le tout pour définir une liste de métiers auxquels ils peuvent prétendre, détaille James Renaud, président du Credes. A l'arrivée : une palette de métiers assez large, allant de responsable RH à conseiller en insertion, en passant par chargé de mission formation, médiateur ou encore chargé de communication. Il convient, ensuite, de combler les manques en termes de compétences pour qu'ils puissent réellement exercer. Nous avons alors recherché les acteurs capables de les aider à monter un dossier de VAE. » Aujourd'hui, la quasi-totalité de la population étudiée s'est engagée dans un parcours de VAE. Le transfert de compétences est donc possible.

Auteur

  • C. L.