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Les jeunes parlent aux jeunes

Enquête | publié le : 04.10.2005 | C. L.

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Les jeunes parlent aux jeunes

Crédit photo C. L.

Des collectifs de jeunes militants opèrent à différentes échelles des organisations syndicales. Chargés du développement, ces groupes constituent aussi des viviers dans lesquels les structures repèrent leurs futurs cadres.

Force ouvrière l'affirme : « Les meilleurs développeurs auprès des jeunes sont les jeunes eux-mêmes. » Un avis partagé par de nombreuses confédérations qui ont mis en place, depuis plusieurs années, des groupes dédiés à cette population. Avant-gardiste en la matière, la fédération Protection sociale, travail et emploi de la CFDT, qui a lancé, dès 1999, la «Young Force militante» : « Nous étions, à l'époque, trois jeunes militants qui réfléchissions à la création d'un groupe de travail dont le but était, d'une part, d'être représentatif de la population des entreprises du secteur et, d'autre part, de préparer l'avenir et le renouvellement de nos structures », explique Martial Blanchard, aujourd'hui secrétaire fédéral.

Après cinq ans d'existence, la Young Force compte une quinzaine de membres âgés de moins de 35 ans, représentant toutes les régions et les champs professionnels du secteur, ainsi qu'une multitude d'outils dédiés à l'approche de la jeunesse salariée.

Entretemps, le concept a fait son chemin au sein de la CFDT. La confédération compte, aujourd'hui, un «groupe jeune développement» chargé de réfléchir à cette cible jeunes salariés, essaimé au niveau fédéral et régional. « Sur une quarantaine de structures, la moitié disposent de ces groupes », précise Grégory Martin, secrétaire confédéral chargé du développement jeunes à la CFDT.

Création de collectifs

C'est également le cas à la CFE-CGC, qui a poussé à la création de ces collectifs dans ses différentes instances. Exemple : celui d'Airbus France-Toulouse. Le groupe jeunes y est présent depuis quatre ans. « Il est né à la suite des nombreux recrutements de jeunes chez Airbus. Il me semblait important, alors, de les accueillir et de leur faire connaître l'entreprise via le syndicat CFE-CGC », explique Félix Chiaramonte, initiateur du groupe jeunes. Entouré de jeunes militants, il est donc allé à leur rencontre.

Aujourd'hui, le groupe s'est doté d'outils comme Le guide du nouvel embauché, distribué aux arrivants, dans lequel est décrit le syndicat, ses valeurs, mais, plus largement, les instances élues. « Nous réalisons également des conférences sur différents thèmes concernant la vie en entreprise. Nous les ouvrons aux adhérents, mais sans exclusivité. Ils peuvent être accompagnés de leurs collègues. » Et cela marche. La section compte 2 000 adhérents, dont 30 % ont moins de deux ans d'adhésion. Sur l'ensemble, les moins de 30 ans compte pour 10 %. En 2002, ce taux était de 4 %.

Révision des supports de communication

Egalement très actif, le groupe jeunes section aéronautique-espace-défense, toujours à la CFE-CGC. Son public : l'ensemble des jeunes du secteur. « Nous avons débuté notre action par un travail sur les supports de communication utiles aux responsables syndicaux, explique Franck Greusen, secrétaire général de la section CFE-CGC d'Eurocopter et membre du comité directeur de la fédération métallurgie. Nous avons créé un «4 pages», L'envers du décor, distribué à l'ensemble des adhérents. Les responsables pouvaient alors le détacher et s'en servir pour approcher les jeunes. A l'intérieur : des conseils pour chercher un logement, des bons plans pour les vacances... Ensuite, nous avons produit Le passeport pour l'adhérent, une sorte de guide vulgarisé du syndicalisme en entreprise. » Aujourd'hui, fort de son expérience, le groupe apporte son expertise jeune auprès de la fédération. Il lui arrive, ainsi, d'intervenir dans les entreprises pour expliquer au jeune public le pourquoi d'une adhésion à la CFE-CGC.

Autre syndicat, autre expérience : celle de la CGT et son collectif jeunes de la fédération métallurgie. « Ce collectif existe depuis pas mal d'années, mais c'est véritablement en juillet 2002 qu'il s'est structuré, à la suite d'une assemblée réunissant 130 jeunes militants de la métallurgie, organisée à la confédération », raconte Boris Plazzi, son animateur. Aujourd'hui, composé d'une vingtaine de cégétiste trentenaires, le collectif se veut être la caisse de résonance des expressions des jeunes militants, diffusées, ensuite, au sein des syndicats de la fédération. « Nous donnons également une nouvelle visibilité à notre public afin d'être identifiés dans l'organisation. » Tee-shirts, banderoles, autocollants... Autant de signes distinctifs, repérables dans les manifestations.

Renouvellement des responsables

Cette visibilité sert aussi leur engagement dans le syndicat. Car, en effet, ces collectifs ne sont pas seulement utiles au recrutement. Ils constituent aussi un vivier intéressant de futurs responsables. « L'idée est de leur permettre de s'impliquer dans l'organisation et d'y prendre des responsabilités, ajoute Boris Plazzi. On essaye, ainsi, d'être associé au renouvellement des cadres. »

Au niveau de la fédération métallurgie CGT, sur les quelque 60 membres de l'exécutif, près d'une quinzaine ont moins de 35 ans. Le renouvellement s'observe également au sein des unions syndicales départementales. Par exemple, sur la région Rhône-Alpes, quatre des directions départementales sur sept ont été rajeunies. Pour Boris Plazzi, « ce sont des signes forts qui donnent confiance aux plus jeunes pour s'investir ».

Auteur

  • C. L.