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Enquête

« Il faut apprendre à gérer les fins de carrière syndicale »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 04.10.2005 | C. L.

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« Il faut apprendre à gérer les fins de carrière syndicale »

Crédit photo C. L.

E & C : Que suppose le recrutement de jeunes militants syndicaux ?

M. D : Recruter impose de séduire des jeunes qui ont envie de militer. Comment ? En traitant, tout d'abord, les fins de carrière des actuels militants. Cela influencera la motivation de la nouvelle génération. Cet axe pose le problème, d'une part, de l'évaluation des compétences acquises en cours de mandat et, d'autre part, de la suite de carrière. Il convient de réaliser l'évaluation «neutre» et donc objective des compétences acquises en cours de mandat afin d'établir un vrai bilan de compétences mené par un extérieur de confiance. Ensuite, il s'agit de construire un projet professionnel avec le militant en lui donnant confiance pour rebondir positivement.

Tout cela suppose que les syndicats gèrent les compétences de leurs militants - ce qui ne semble pas être une de leurs caractéristiques majeures ! -, mais aussi la formation de remise à niveau si besoin ; une forme de pay-back du syndicat, pour contrebalancer l'engagement et l'implication du bénévole. Enfin, il faut trouver l'endroit où exercer ces compétences.

E & C : Les entreprises jouent-elles le jeu ?

M. D : Il faut, en effet, des entreprises qui osent embaucher des militants issus d'une structure syndicale ou qui facilitent leur «remise en course» dans le circuit traditionnel de l'entreprise, en tenant compte de l'ensemble de leurs compétences. Autre condition : la mobilité, car il est difficile de reprendre un parcours là où on a milité.

Ces entreprises existent. Certaines ont, en effet, des accords d'évolution de carrière des syndicalistes - des entreprises publiques prévoient des réintégrations contractuelles. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer le problème de confiance réciproque entre l'entreprise et l'ex-militant. Un projet professionnel bien construit peut être, alors, un facilitateur : cela suppose un changement d'état d'esprit du chef d'entreprise. Ce qui n'est pas simple, compte tenu des blocages syndicaux, dont les médias se font souvent l'écho.

«Construire ensemble» n'est pas encore la ligne de conduite, bien que de grands progrès aient été réalisés dans ce sens, ce qui démontre sa faisabilité ! En conclusion, il faut rapidement imaginer et définir ensemble les nouvelles règles du jeu !

Quelle place pour les retraités ?

Si les retraités n'ont pas les mêmes revendications que les actifs, ils sont un appui souvent nécessaire à l'animation des syndicats de salariés.

Les retraités : des ressources disponibles ? Sans aucun doute. Pour autant, les syndicats de salariés ne souhaitent pas inverser les rôles ni mélanger les genres. Il y a, d'un côté, les intérêts des actifs à défendre et, de l'autre, ceux des retraités. Néanmoins, tous concèdent le rôle de soutien ponctuel qu'apportent les anciens militants dans certaines structures. « Dans les unions départementales, par exemple, certains retraités occupent des postes de trésorier ou de conseil juridique. La présence de ces aînés est importante, car nous souhaitons garder une solidarité intergénérationnelle », explique Marc Bader, président de l'Union nationale interprofessionnelle des retraités CFE-CGC.

Un avis partagé par Bernard Devy, secrétaire confédéral Force ouvrière, pour qui la « présence conjointe de jeunes et d'anciens est bénéfique à l'organisation ». Au-delà, ils sont d'une aide précieuse. « Les syndicats sont de plus en plus sollicités par la société civile, observe Bernard Devy. Sans compter les sièges qui leur sont réservés dans les caisses d'allocations familiales, les Cram... Ce sont autant de représentations auxquelles nous ne pouvons nous soustraire. Pour certaines d'entre eux, la force militante retraitée est là. Par ailleurs, nous gardons dans les unions départementales, principalement consultées par les salariés de PME, quelques préretraités pour pallier certaines défections. Nous pouvons également compter sur leur expérience et leur connaissance des prud'hommes. »

Des coups de main également soulignés par Joseph Thouvenel, secrétaire général adjoint de la CFTC, admettant, lucide, que, sans eux, la CFTC serait absente dans certaines localités. « Cela se fait naturellement », avance-t-il. « C'est la continuité du militantisme », renchérit Luc Dareau, chargé de la politique des cadres confédéraux à la CGT.

Pour autant, « ne nous trompons pas, signale Claude Wagner, de l'Union confédérale CFDT des retraités. Les retraités ne sont pas une prothèse pour les syndicats de salariés, ils ne viennent pas faire du classement. Ils ont une vraie place en interpro ». Mais pas toute la place. Ainsi, à la CFE-CGC, les retraités ne peuvent occuper qu'un seul mandat lorsqu'il s'agit de la défense des intérêts des actifs. A la CFTC, la limite d'âge pour se présenter à ces mêmes mandats est de 65 ans.

Auteur

  • C. L.