D'où vient l'extraordinaire notoriété de Perrier ? Comment la source d'eau minérale gazeuse de Vergèze (Gard) est-elle devenue un groupe alimentaire parmi les plus puissants d'Europe ?

Comment expliquer la combativité extraordinaire de ses ouvriers qui fait de Perrier l'entreprise phare du mouvement languedocien ? Si la direction détient bien le pouvoir dans cette entreprise, les salariés, par l'intermédiaire de leurs représentants syndicaux, bénéficient d'un poids réel et, de manière récurrente, ont obligé la direction à faire des compromis.

L'objet du travail de Nicolas Marty est de suivre le développement de cette entreprise industrielle d'embouteillage, depuis sa création et l'apparition de la fameuse bouteille verte, en 1903, jusqu'au départ de Gustave Leven, en 1990, avant le rachat par Nestlé.

L'histoire de Perrier représente un cas d'école du capitalisme industriel jusqu'à ses avatars les plus récents que sont les fusions-acquisitions et la guerre économique féroce qui fait feu de tous bois, y compris de rumeurs pour amoindrir la concurrence. Mais Perrier représente aussi un exemple rare de culture ouvrière capable de mettre à mal les intérêts purement mercantiles.

Quelles sont les composantes de cette originalité et de ce dynamisme qui, à l'heure où la finance prend le pas sur la logique industrielle, dessinent, contre vents et marées, l'image d'une entreprise à visage humain ?

Agrégé et docteur en histoire, Nicolas Marty est maître de conférences à l'université de Perpignan-Via-Domitia. Membre du Centre de recherches historiques sur les sociétés méditerranéennes (CRHISM) et président de l'Institut d'histoire du Roussillon, il travaille sur l'histoire économique et sociale du Languedoc-Roussillon aux XIX° et XX° siècle.