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Les SSII peaufinent leurs pratiques RH pour séduire

Les Pratiques | Point fort | publié le : 27.09.2005 | Anne Bariet

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Les SSII peaufinent leurs pratiques RH pour séduire

Crédit photo Anne Bariet

Le recrutement des informaticiens s'accélère dans les SSII. Après plusieurs années noires liées à l'éclatement de la bulle Internet, les sociétés recommencent à préparer l'avenir. En soignant leurs pratiques RH.

Un rapide passage au salon du recrutement Lesjeudis. com, leader des sites spécialisés, ce 14 septembre, suffit à s'en persuader : les SSII font le plein ; 17 000 offres d'emploi étaient proposées par 60 entreprises, de toute taille, présentes à ce salon parisien, le meilleur score depuis 2001. Frémissement ou tendance lourde ?

Depuis le début du mois, plusieurs SSII viennent d'annoncer d'importants plans de recrutement. Alten (5 160 salariés) affiche une mine sereine, avec 1 000 prévisions d'embauche. Altran, fort de ses 16 500 consultants et business managers, voit aussi l'avenir avec optimisme et prévoit 2 000 recrutements. Autant qu'Atos Origin. Le mouvement touche également les sociétés de taille moyenne. Artware (250 salariés), par exemple, vient d'annoncer 200 embauches en 2005 pour renforcer son positionnement sur les secteurs high-tech, téléphonie mobile, monétique, semi-conducteurs, aéronautique, microélectronique...

Anticipation de la reprise économique

Fin des années noires ? Toutes les SSII ne concrétisent pas leurs prévisions d'embauche. Quelques-unes cherchent à se constituer un vivier de candidats pour répondre à un appel d'offres. Elles ne poursuivront la procédure d'embauche qu'en cas d'obtention du contrat. Pour autant, le marché informatique a retrouvé des couleurs.

La vague actuelle a plusieurs causes. Tout d'abord, les SSII anticipent la reprise économique. « Les projets sortent des cartons, notamment dans les télécoms et la banque de détail, indique Noëlle Bonnard, responsable du recrutement chez Teamlog (18 000 salariés), qui souhaite intégrer 600 collaborateurs cette année (contre 400 l'an passé). Ces projets existent depuis 2004, mais, jusqu'ici, ils étaient gelés, faute de budgets. » Un avis que confirme Saïd Elinkichari, directeur de GEC (Générale Europe Consultants), un cabinet de recrutement spécialisé dans le secteur informatique. « La reprise s'est amplifiée depuis avril 2005. On assiste à une reprise des investissements dans les technologies de l'information, notamment dans les banques, ce qui se traduit par un dynamisme exceptionnel. »

Première année de baisse du chômage

De fait, selon l'Apec, le nombre d'offres d'emploi pour le secteur informatique a augmenté de 100 % en dix-huit mois. L'année 2004 a été la première année de baisse du chômage des informaticiens depuis l'an 2000 : moins 10 000 demandeurs d'emploi entre janvier 2004 et juin 2005. Tous l'assurent : la période d'intercontrats, qui pouvait aller jusqu'à six mois pendant les années noires, tend à diminuer. Mais les entreprises doivent aussi faire face à un important turn-over. Les SSII sont traditionnellement confrontées à une rotation de leur personnel très supérieure à la moyenne des entreprises (jusqu'à 15 %). Avec la reprise, elle a même augmenté de quelques points. Au total, la croissance des effectifs reste donc faible.

Autre tendance : on assiste à une réelle évolution du marché. Les utilisateurs recrutent de moins en moins directement leurs informaticiens. Les services informatiques sont de plus en plus externalisés, l'entreprise se recentrant sur son «coeur» de métier.

Profils recherchés ? « On observe une forte demande pour les profils tels que les ingénieurs d'étude Java, J2ee, Dotnet, consultants SAP ou spécialistes Unix, poursuit Saïd Elinkichari. La connaissance d'un secteur d'activité porteur tels que la finance des marchés, la banque ou encore les assurances est également très recherchée. » Mais des tensions existent déjà sur ces fonctions. Du coup, certaines compétences, jugées, il y a quelques temps, obsolètes, deviennent intéressantes : spécialistes du cobolt ou technologies liées aux anciens systèmes, Vax ou encore AS 400.

Les trentenaires restent le coeur de cible

Si la plupart des SSII ont rouvert leurs portes aux candidats, la reprise ne profite pas à tout le monde. Le coeur de cible reste les trentenaires justifiant de cinq à dix ans d'expérience et dotés d'une double compétence. Ce sont les plus courtisés. Ils représentent, ainsi, la moitié des recrutements chez Projipe et Steria, un tiers chez Teamlog. Les jeunes diplômés ont plus de chances dans les entreprises importantes. Les petites SSII disent ne plus vouloir investir dans de jeunes ingénieurs qui partiront une fois formés. De même, les seniors sont mal aimés dans la profession. Alors que les partenaires sociaux négocient actuellement un projet d'accord sur l'emploi des seniors, peu d'entreprises recrutent des plus de 40 ans. « Vous comprenez, c'est le client qui refuse. On nous dit que les seniors ne s'intégreront pas au sein d'une équipe de jeunes, affirme ce recruteur. Dans ce métier, on est vieux à 38 ans. »

Reste que la prudence demeure. Les candidats deviennent plus vigilants. Après l'éclatement de la bulle Internet, les SSII ont licencié par wagons. Les informaticiens ont subi de plein fouet la crise économique après des années euphoriques. Du coup, les candidats tendent à se détourner des grosses structures et à privilégier les petites sociétés dotées d'une approche plus humaine. La plupart des entreprises l'ont bien compris. Elles se montrent, désormais, plus attentives à gérer leurs compétences et à les faire évoluer. Fini la surenchère salariale, l'intégration à la va-vite. Elles peaufinent leurs pratiques RH pour accompagner les candidats.

Les entreprises cultivent leur différence

C'est ainsi que Seri@com, une petite société de 60 salariés, cherche à cultiver sa différence. Elle joue la proximité, en multipliant les contacts avec ses salariés : suivi téléphonique tous les mois, soirée deux fois par an, journal interne. Elle a également mis en place un entretien d'évaluation pour la fin de l'année. Une première pour l'entreprise. Les salariés de Seri@com bénéficient également d'un CE, d'un plan d'épargne et de primes d'intéressement. Alliance Concept Informatique (55 salariés) soigne également ses RH. « On travaille sur le contenu du poste, assure Michael Malka, directeur général de l'entreprise. On cherche à trouver des missions qui correspondent aux profils de nos candidats et non l'inverse. »

Pour sortir du lot, Steria a mis au point une journée d'intégration, baptisée «Welcom», pour tous les nouveaux embauchés. Des rencontres sont également prévues avec le directeur du centre de profit, les équipes de projets et les ressources humaines, ainsi que des entretiens au milieu et en fin de période d'essai. De son côté, Projipe a misé sur le coaching et les plans de formation à destination des recrues. Des pratiques qui peuvent faire la différence en cas d'emballement du marché.

Les profils les plus recherchés*

Ingénieur d'études (bac + 5 avec 1 à 4 ans d'expérience).

Consultant ERP (Peoplesoft, SAP, Oracle) fonctionnel ou technique (2 à 8 ans d'expérience).

Chef de projet (bac + 5 avec 5 à 10 ans d'expérience).

Directeur de projet (bac + 4/5 avec plus de 10 ans d'expérience).

Ingénieur commercial.

* Données communiquées par le cabinet GEC (Générale Europe Consultants).

L'essentiel

1 Le marché de l'informatique a retrouvé des couleurs : 17 000 offres d'emploi étaient proposées par 60 SSII au salon Lesjeudi.com, le 14 septembre.

2 Mais la reprise ne profite pas à tout le monde. En vedette : les trentenaires justifiant de cinq à dix ans d'expérience et dotés d'une double compétence.

3 Les candidats, qui ont subi de plein fouet la crise informatique après l'éclatement de la bulle Internet, deviennent plus vigilants sur les pratiques RH des entreprises.

Auteur

  • Anne Bariet