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Les Pratiques

Fin de conflit amère chez Wyborowa

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 27.09.2005 | François Gault, à Varsovie

Pernod-Ricard sort d'un conflit dur dans son usine de vodka de Wyborowa, à Poznan. L'accord sur la restructuration est moins généreux que les plans sociaux des années 1990. Partout en Pologne, les ouvriers craignent des délocalisations vers l'Est.

Le conflit chez Wyborowa, marque de vodka polonaise de Poznan, qui appartient à Pernod-Ricard depuis 2001, annonce-t-il des jours difficiles pour beaucoup de travailleurs de ce pays ? La direction de Wyborowa a décidé de licencier 119 salariés (plus de la moitié de l'effectif) et de réduire les salaires de 30 %. Conséquence : le 31 août, les 230 salariés de Wyborowa cessent le travail. « Nous nous battons pour sauver notre usine et notre emploi ! », affirment-ils. La direction arrête alors les chaînes de production, plusieurs ouvriers entament une grève de la faim. La direction de Poznan veut « réduire les coût de fonctionnement ». En quatre ans, la part de marché polonais pour la vodka Wyborowa est passée de 18 % à 4 %. En revanche, dans le monde, les ventes s'élèvent à 10 millions de bouteilles par an.

Apparition des plans sociaux

Wyborowa illustre un nouveau type de plan social. Dans la Pologne des années 1990, dialogue social et RH étaient inexistants. Et les gouvernements successifs ont tenu aux investisseurs le langage de la prudence. En substance : « Nous facilitons les investissements, mais vous limitez les licenciement secs ! » La Pologne découvre alors les «plans sociaux» : préretraites, indemnités spéciales pour les femmes, formations préventives, reconversions, aides aux soutiens de famille... Exemple significatif : les indemnités pour départ volontaire s'échelonnent souvent entre 18 et 26 mois de salaires. En 2001, chez Wyborowa, 430 salariés (sur 630) étaient déjà partis volontairement avec des indemnités atteignant, dans de nombreux cas, 24 mois, voire 48 mois de salaires.

Accord a minima

Les temps ont changé. Après 14 jours de conflit, une grève de la faim et 45 heures de négociations, l'affrontement chez Wyborowa s'achève par un accord a minima : 99 licenciements au lieu des 119 initialement prévus, et des indemnités pour départ volontaire de 12 mois de salaires (9 mois s'ajoutant aux 3 mois légaux) et de 22 mois au lieu de 18 pour ceux - peu nombreux - qui ont une longue ancienneté. Réduction des salaires de 7 % au lieu de 30 %. « Difficile de dire que cet accord est un succès ! », conclut un syndicaliste.

Et «Plan social 2005» ne garantit que douze mois d'emploi pour ceux qui échappent aux licenciements. Aujourd'hui, à Poznan, après la grève, c'est l'amertume et la peur parmi les salariés de Wyborowa. Pour l'avenir, ils redoutent que ce conflit n'annonce les premières délocalisations polonaises vers... l'Est. Dans le pays tout entier, où la France reste le premier investisseur étranger, les licenciements se sont multipliés ces derniers mois, chez TPSA (France Télécom), Orbis (Accor), EDF, etc.

Auteur

  • François Gault, à Varsovie