logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L'actualité

Motivés mais déprimés : le paradoxe des cadres

L'actualité | publié le : 27.09.2005 | Anne Bariet

Repli sur soi, individualisme, pessimisme... Les cadres aiment travailler mais n'aiment plus leur entreprise. Avec la mondialisation, ils ont été évincés des centres de décision.

De deux choses l'une. Soit les cadres sont en totale rupture avec leur entreprise et ont le moral en berne. Soit ils prennent plaisir à aller travailler et restent fortement motivés. La réalité est, en fait, plus complexe. Car le paradoxe est bien là : d'après le dernier baromètre de l'Apec, l'Association pour l'emploi des cadres, publié le 20 septembre, «Cadres 2005 : quelles réalités ?», la relation des cadres à l'entreprise est ambiguë.

Sur une échelle de motivation de 1 à 10, ils sont 53 % à se situer autour de 8. D'ailleurs, la fidélité des cadres à leur entreprise ne s'est pas dégradée entre 2002 et 2005. Mais, dans un même temps, ils acceptent beaucoup moins bien leur perte de pouvoir. Jusqu'ici, ils décidaient et grimpaient les échelons de la hiérarchie. Ils étaient appréciés pour leurs compétences et leurs expériences. Ce n'est plus vrai aujourd'hui.

L'intranquillité permanente

De fait, sous l'impulsion de la mondialisation, le modèle entreprenarial a cédé la place à une logique financière. « Les cadres sont évincés des centres de décision, note Jacky Chatelain, directeur général de l'Apec. Le pouvoir de l'actionnaire prime, il est désincarné et se situe hors du territoire de l'entreprise. » Tout peut changer du jour au lendemain à cause d'une fusion ou d'un rachat de sociétés. Les cadres se perçoivent comme une « ressource interchangeable au service du profit ». Ce que l'étude résume en deux mots : l'« intranquillité permanente ». En résulte un délitement du lien avec l'entreprise, un sentiment de vulnérabilité et un individualisme grandissant. « On en revient presque à idéaliser le modèle d'avant. L'entreprise à capital familial apparaît comme protectrice. » Une sorte d'âge d'or disparu, en somme.

Face à ce malaise, quels sont les antidotes ? La reconnaissance personnelle, la confiance et les perspectives d'évolution sont autant de pistes que les DRH doivent explorer. Mais, à défaut d'être valorisée dans l'entreprise, la mobilité peut être une solution. Une chance, le marché ne s'est jamais aussi bien porté. Selon les estimations de l'Apec, 160 000 cadres devraient être recrutés en 2005 ; 8 % de plus qu'en 2004. Le taux de chômage est, d'ailleurs, deux fois moins élevé que celui de l'ensemble des salariés (4,8 %). En vedette, les fonctions commerciales, marketing et informatiques.

Reste à franchir le pas. Les moins de 30 ans l'ont bien compris. Ce sont eux qui restent en veille sur le marché, prêts à saisir les opportunités. Leurs aînés, ceux de plus de 40 ans, ont, eux, beaucoup plus de mal. L'Apec pointe ici un risque fort d'« isolement ».

Auteur

  • Anne Bariet