Et revoilà la pyramide des âges. Impossible d'ouvrir un magazine sans tomber sur un article qui traite du papy-boom et de la situation apocalyptique qui nous attend à très court terme.
On ferait mieux, d'ailleurs, de ne pas s'en énerver et de s'agiter davantage, parce que le problème est sérieux, et les solutions, pour l'instant, incertaines.
On peut deviner qu'il va bien falloir finir par obliger tous les seniors à travailler plus longtemps qu'ils ne l'avaient espéré (pour certains) ou craint (pour quelques autres).
La proportion entre les volontaires pour s'y recoller et ceux qui n'iront que la baïonnette dans le dos me paraît difficile à estimer, mais on aura du mal à rester le pays d'Europe où les plus de 50 ans sont les moins nombreux, et de loin, à travailler.
Ce n'est pas, d'ailleurs, que je me fasse du travail l'idée qu'il est nécessaire à l'épanouissement, je l'ai dit souvent, mais je sais, en revanche, que, contents ou non, il faudra bien trouver des compléments de revenus pour sauver, ou à peu près, le niveau de vie des seniors.
Sans compter le nécessaire soutien à leurs enfants qui, eux, se demandent comment ils vont s'y prendre pour vivre sur le même niveau d'aisance que leurs parents. Quand l'ascenseur républicain est en panne, il faut bien que quelqu'un remonte les courses... Bref, il y a comme un malaise.
J'en parle avec un groupe de RH lors d'un séminaire sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, une sorte de marché aux idées, plutôt un souk ou un vide-grenier de quartier, d'ailleurs, quand on voit le fatras des contributions.
Chacun a sa recette, son tour de main, ses grigris et ses amulettes, mais pas d'approche globale bien convaincante. Moi non plus, je m'empresse de le dire.
Tout à coup, un point de vue nouveau : c'est une jeune quadra qui nous explique que le problème des seniors ne doit pas occulter celui de ceux qui les suivent immédiatement après. Ecoutons.
« A force de parler tout le temps des plus de 50 ans, tout le monde oublie la tranche d'âge juste en dessous : celle des quadras où on est déjà trop vieux pour supporter plus longtemps les frustrations de nos 30 ans, mais où les manettes du pouvoir nous sont inaccessibles parce que vos quinquas y sont accrochés. Et en grand nombre. Un peu d'air nous ferait du bien ! »
Bien vu. Et il va falloir en tenir compte.
Et alors, dans tout ça, quel rapport avec Carentan et avec Saint-Quentin ? Ne cherchez pas. C'est juste mon voisin, un jeune quadra, lui aussi, qui me glisse un petit papier sur lequel je lis : « La route est longue entre Carentan et Saint-Quentin. Il va falloir s'accrocher. »
Tout rigolo que ça ait l'air, j'ai bien peur que ce soit vrai.
Pierre-Loïc Chantereau <
