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Les Pratiques

Une PME primée par le patronat néerlandais

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 20.09.2005 | Emmanuelle Tardif, à Amsterdam

Cette année, le prix du patronat néerlandais pour l'emploi des handicapés a couronné les efforts d'une dirigeante de PME de 19 salariés. Cette patronne atypique sait même faire de certains handicaps un véritable atout pour son entreprise d'imprimerie.

Chaque année, le patronat néerlandais récompense les efforts de l'un de ses membres en faveur de l'emploi des personnes en incapacité de travail. Le prix 2005 est allé à Carin Wormsbecher, qui dirige l'imprimerie familiale depuis le décès prématuré de son mari, il y a quatre ans. Chez Wedding, PME de 19 personnes, on ne fait pas de différence entre les «handicapés du travail» et les autres. Pour Carin Wormsbecher, nous sommes tous, dans une certaine mesure, en incapacité de travail : « Regardez ces cadres dynamiques qui, à force de trop en vouloir, finissent par se ruiner la santé. »

Confiance et écoute

La directrice de Wedding estime même que ceux que l'on qualifie d'invalides ont un avantage : « Ils connaissent leurs limites et ne cherchent pas à se faire passer pour quelqu'un d'autre. D'ailleurs, avec un peu de confiance et d'écoute, on peut transformer les prétendues faiblesses en qualités. » Et Carin Wormsbecher de citer en exemple l'une des quatre personnes à porter l'étiquette «invalide» dans l'entreprise. « Cette dame, victime d'un burn-out, a développé une sensibilité extrême. Elle est capable, mieux que quiconque, de décrire l'état d'esprit qui règne sur le lieu de travail, ce qui permet de repérer d'éventuels problèmes et d'y remédier plus rapidement. »

Pour résoudre les difficultés, la directrice ne connaît qu'un seul moyen : le dialogue. Chaque semaine, elle s'entretient de manière informelle avec ses salariés, s'informe de leur santé, de leur moral. « Je suis sincèrement intéressée par les gens », affirme cette autodidacte en management, qui n'hésite pas à participer à la production quand il le faut.

Gestion de carrière

Carin Wormsbecher prépare avec soin les entretiens d'évaluation pour gérer au mieux la carrière de ces salariés particuliers. « Nous avons, par exemple, un collaborateur atteint de schizophrénie, qui effectue des travaux de manutention dans le cadre d'un stage d'insertion, raconte-t-elle. Un poste de magasinier lui conviendrait bien, à terme, ce qui permettrait de décharger nos ouvriers imprimeurs. » Pour la directrice, mieux vaut prévoir le plus en amont possible, afin d'éviter de prendre des décisions dans l'urgence. « Les personnes concernées savent souvent ce qui est le mieux pour elles. Quant aux formations, elles sont organisées par la branche, mais financées par l'entreprise. »

Il a fallu plusieurs années à Carin Wormsbecher pour imposer ses vues sur l'invalidité au travail. « A une salariée qui me demandait si on ne devenait pas un CAT, j'ai répondu qu'un accident était vite arrivé et qu'elle serait sans doute contente d'être épaulée par l'entreprise si elle-même se retrouvait un jour handicapée. »

Auteur

  • Emmanuelle Tardif, à Amsterdam