Dans un pays qui détient toujours la lanterne rouge, en Europe, pour les accidents du travail, la filiale espagnole d'Europcar a décidé de jouer les exceptions. « Certes, nous ne sommes pas un secteur à risques, contrairement à la construction, par exemple, mais nous cherchons constamment l'innovation, c'est ce qui donne du prestige aux entreprises », explique, d'emblée, Mariano Ballesteros, responsable des ressources humaines. Europcar travaille donc activement, depuis novembre 2004, pour obtenir la certification Oshas (inspiré des standards de l'organisme public américain Occupational Safety & Health Administration), que peu d'entreprises, en Espagne, voire en Europe, possèdent pour l'instant.

Selon la loi, chaque entreprise espagnole est obligée de se certifier tous les cinq ans. « Mais cela ne signifie pas que, six mois après leur certification, les entreprises remplissent toujours les conditions ; avec Oshas, il faut être constamment à jour et pouvoir démontrer que nous sommes capables, à tout moment, de gérer une difficulté, et que nous possédons une capacité de projection », poursuit Rafael Martinez, responsable de la prévention des accidents du travail. Ce référentiel anglo-saxon est en effet bâti, comme les process qualité, sur une logique d'amélioration continue.

Tous les salariés ont été impliqués, ainsi que le comité d'entreprise. Dans une société dispersée, avec de nombreux bureaux en Espagne, « il fallait décliner le message de manière homogène », précise Rafael Martinez. Un responsable pour plusieurs provinces se charge de la transmission et du retour de l'information. Outre une formation obligatoire pour chaque salarié, l'entreprise a créé des cours supplémentaires pour chaque groupe professionnel. Ainsi, le personnel en contact avec le combustible bénéficie d'une formation théorique de deux à trois heures et de deux heures de cours pratiques.

Mais Oshas exige plus, notamment dans la prévention de tous les risques. Ainsi, pour un groupe de sourds-muets employés à Barcelone, des alarmes visuelles ont été réalisées. Plus généralement, des responsables sont chargés de détecter les risques potentiels. Tous les six mois, ils vérifient les conditions de travail dans les garages et, tous les ans, dans les bureaux.

Résultat : sur une échelle de risques, Europcar a éliminé les quelques accidents considérés comme «importants» et «modérés» pour se situer sur les niveaux «tolérables». « Par exemple, la gêne de salariés de nos bureaux d'aéroports, où l'illumination est parfois forte ; mais les autorités des aéroports ne nous laissent pas résoudre ce problème », explique le responsable de la prévention des risques du travail.