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L'actualité

Négociations à haut risque

L'actualité | publié le : 06.09.2005 | Anne Bariet

A un mois de l'ouverture des négociations sur la convention Unedic, qui régit les règles de l'indemnisation du chômage, les syndicats restent campés sur leurs positions.

La légère embellie de juillet sur le front de l'emploi (le taux de chômage est repassé sous la barre des 10 %) ne permettra pas de rassurer les gestionnaires du régime d'assurance chômage qui doivent renégocier l'actuelle convention arrivant à échéance à la fin de l'année, avec un déficit annoncé de 14 milliards d'euros. Seules 60 000 créations de poste sont envisagées pour 2005, et 57 000 chômeurs en moins sont prévus. Il faudra attendre 2008-2009 pour espérer un retour à l'équilibre financier. Dans ce contexte, les discussions de l'automne risquent d'être difficiles. Les marges de manoeuvre sont étroites et les positions patronales et syndicales totalement opposées. Alors que le Medef réclame le retour à la dégressivité des allocations chômage, abandonnée en 2000, avec la création du Pare (Plan d'aide au retour à l'emploi), les autres confédérations y sont totalement hostiles.

Appel aux contribuables

La centrale de Laurence Parisot en appelle également aux contribuables (fonctionnaires, retraités, professions indépendantes) pour venir à la rescousse des finances du régime. Le budget de l'assurance chômage ne devant plus reposer uniquement sur les cotisations des salariés et des employeurs du privé. Pour obtenir des ressources supplémentaires, les syndicats de salariés verraient, plutôt que l'impôt, une participation accrue de l'Etat, notamment, comme le prévoit la CFTC, pour la prise en charge des chômeurs âgés de plus de 57,5 ans, au titre de la solidarité.

Autre motif de divergence, les expérimentations de placement privé (de type Ingeus, BPI, Altédia...), lancées l'an dernier. La CFDT voudrait booster ce type d'expériences, efficaces pour, selon elle, entraîner « un retour à l'emploi plus rapide », notamment en direction des chômeurs les plus fragilisés (personnes rencontrant des risques de chômage récurrent, plus de 50 ans...) « La pire des choses, indique Michel Mersenne, négociateur CFDT, c'est l'égalité de traitement. » Il préconise une augmentation considérable des dépenses actives du chômage « qui pourraient passer de 4 % à 10 % ».

De meilleurs résultats non prouvés

Sur ce sujet, la CFDT devra s'opposer à FO, qui récuse ce genre d'expériences, car, pour Jean-Claude Quentin, son négociateur, elles « n'ont pas apporté la preuve de meilleurs résultats que l'ANPE. Il existe un effet de substitution, le placement de ces chômeurs se faisant au détriment de celui d'autres demandeurs d'emploi ». FO reproche également à ces sociétés privées, rémunérées aux résultats, de favoriser le reclassement immédiat plutôt que le placement durable.

Les points de vue communs se situent davantage au niveau des droits des chômeurs. Quasiment toutes les centrales de salariés (hormis la CFDT, qui émet quelques réserves) refusent de toucher aux droits des chômeurs. La CGT se prononce même pour une revalorisation de l'allocation chômage (80 % du dernier salaire au lieu de 57,4 %).

FO, la CFTC et la CFE-CGC ou encore la CFDT défendent, par ailleurs, l'idée d'une surcotisation sur le travail précaire. « D'un côté, les CDD et les intérimaires génèrent 1,5 milliard de cotisations, insiste Jean-Claude Quentin. Le coût de leurs allocations s'élève, en revanche, à 7 milliards d'euros. Toutes proportions gardées, nous avions ce type de déséquilibre pour les intermittents du spectacle et nous avons décidé, l'an passé, de doubler leurs cotisations. » C'est, d'ailleurs, la revendication majeure de Michel Coquillon, de la CFTC, qui souhaite taxer tous les employeurs recrutant des CDD, des intérimaires et des personnes sous contrat nouvelles embauches.

Cotisations

Plus modérée, la CGT fixerait à 5 % la cotisation patronale (au lieu de 4,60 % actuellement) et à 8 % la taxe pour les entreprises employant plus de 6,6 % de précaires. Alain Lecanu, lui, opterait pour l'instauration d'un système de bonus-malus, calqué sur celui des accidents du travail, en fonction du comportement des entreprises.

Parmi les autres propositions, la CFDT se dit favorable à une évaluation des aides publiques données aux entreprises, afin « de supprimer les dispositifs qui font double emploi ». Un prélude somme toute plus consensuel avant d'entrer dans le vif du sujet.

Auteur

  • Anne Bariet